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mardi 10 octobre 2006, par
La vigne nous apparait comme étant le paysage indéniable de notre région. Mais non, elle n’a pas toujours été présente.
En effet, notre esprit a du mal parfois à admettre que ce que nous avons sous les yeux depuis notre naissance, a pu ne pas exister il y a deux ou trois siécles, voire plus.
Nous savons parfaitement que des changements ont eu lieu. Le développement économique, l’apparition du tourisme grâce aux congés payés, la maison devenue le fief de l’électronique, et d’autres exemples ne nous dérangent pas.
Bien au contraire, retourner laver le linge au lavoir, se déplacer sans l’auto, le train ou l’avion tout cela est inimaginable.
Mais comment ont fait nos aïeux pour vivre ?
Lorsque la question nous taraude, on regarde une vieille photo en noir et blanc (s’il en existe une de l’arrière grand père) ou "l’ancètre" nous raconte un passage de sa vie (si nous avons la chance d’avoir près de nous un ascendant qui peut nous narrer une histoire d’antan).
Tout çà, c’est bien beau mais pas évident, et puis notre vigne alors elle est venue toute seule ? Que nenni. Elle a pris son temps, l’homme a réfléchi et la nature devait être prête à recevoir les ceps.
Voici l’histoire de la vigne dans le village de Prades le Lez. Cet exemple est tiré de "Chronique de la mer aux Cévennes - Prades le Lez de 1642 à 1960" - ouvrage écrit par l’auteur de ce petit article.
Prades vient du latin Prata, variante féminine de Pratum, en occitan Prada, c’est à dire plus grand que le pré donc Prairie. Et qui dit prairie, dit herbe verte, champs cultivés d’orge et de froment - le blé viendra plus tard. Mais la vigne pointe tout juste son nez, quelques ceps par ici et deux ou trois pieds là bas.
Grâce à la source du Lez et à la présence du Lirou, il ne manque pas d’eau en ces temps reculés, puisque déjà au néolithique final des traces de foyers sont visibles dans la partie nord-est du village. Les légions romaines de l’Empereur Claude, environ 41 après Jésus Christ, passent par le chemin pour se rendre au campement de Saint Mathieu. C’est à la même période qu’une villa gallo-romaine est construite. Toute cette activité vient de la présence de l’eau. En l’an 804 Prades est signalé dans le cartulaire de Gellone, puis en 1144 édification de l’église Saint Jacques. Tout un développement se produit au fil des ans dans cette "prairie".
Quand on pense qu’aux alentours de 1642, sur une propriété de 172 ha, les vignes occupent seulement 25 ha, et encore c’est un record pour cette période ! Qui parle d’alignement, non elles sont plantées "au bigot" donc tout le travail est fait à la main. Après les vendanges d’où il sort quelques litres pour sa propre consommation et le reste à la vente, les vignes sont laissées aux indigents pour le grappillage ensuite les cochons, moutons et brebis paissent librement entre les ceps.
Il faut savoir que notre belle prairie est envahie par les ovins descendant des transumances d’été, et ils se régalent de la bonne herbe verte et de l’eau claire du Lez et du Lirou. Les herbages pour nourrir les bêtes en hiver, le blé et l’orge transformés en farine par le moulin de Prades recouvrent nos champs. Quand le glanage réservé aux pauvres gens prend fin, les bestiaux peuvent se régaler des grains oubliés ça et là.
Suite à ces hivers longs et rudes entre 1832 et 1835, que même les graines ne sortent pas du sol durcit, un grand débat se tient pour savoir vers quelle culture principale il faut se tourner. Il y a déjà quelques vignes ainsi qu’une ou deux oliveraies. Qu’est-ce qui résiste le plus à un gel aussi profond ?
Il est remarqué que les ceps ont bien résistés à ces gelées tardives, par contre seuls les oliviers loins du Lez et du Lirou montrent des signes de repousses. Les oliveraies apparaissent naturellement sur les côteaux, loin de l’eau. Par contre la vigne s’étend dans la prairie et remplace petit à petit les herbages, le blé et l’orge.
Les troupeaux se raréfient et ne viennent plus si bas, il fait bon aux contreforts des Cévennes et l’herbe reste verte plus longtemps, alors pourquoi descendre plus ? Le blé et l’orge sont délicats à la semence comme à la pousse, des maladies apparaissent mais les traitements sont trop chers. Fini le grand temps des moissons, enfin il reste quelques champs encore puisque le moulin tourne toujours.
Les vignes ont aussi eu leur temps de gloire avec leurs problèmes de sucre ou d’alcool ajoutés, de phyloxéra, d’impôts pour planter puis pour arracher. Les modifications dans les cépages, aramons ou ugnis blancs. Un hiver trop long, un printemps trop humide, la pluie durant la vendange que même le boeuf ne peut entrer dans la vigne avec la charrette. Mais bon an mal an, tout se fait puis se défait.....