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samedi 21 août 2004, par
Les premiers renseignements que nous possédons sur le tambourin dans le village du Causse, nous ramènent fin XIXème siècle vers les années 1890-1900, c’est à dire il y a un siècle. S’il est incontestable que le jeu de balle au tambourin se pratiquait à cette époque-là, il est tout aussi certain que le tambourin restait un jeu, plus qu’un sport au sens strict du mot. En ces temps reculés, il n’y avait pas de club et pas de championnat.
Les hommes du village jouaient entre eux le dimanche après-midi. Cette époque ne connaissait pas nos « week-end »
prolongés avec le samedi. Quant au dimanche matin, il était hors de question de manquer les deux messes, celle de 7 heures et celle de 10 heures. Et même le dimanche après-midi, les joueurs devaient se battre avec leurs familles, car en jouant, ils « manquaient » les vêpres - Quel malheur !
Les plus anciens du village (cette enquête remonte à 20 ans en arrière), nous ont cité quelques noms de pratiquants
du tambourin de cette époque : Ils s’appelaient « ALBETOU », Clément VIGNAL, Charles LALEQUE, ... RODIER, Alexandre DUSFOUR, etc...
Ces ancêtres pratiquaient le tambourin avec un règlement totalement différent de l’actuel, à savoir qu’ils utilisaient « les jasses », un système de quatre bâtons, placés à l’extérieur de la ligne de touche et marquant le point d’arrêt de la balle de l’adversaire qui détenait le battoir. Il importait ensuite après avoir marqué les 4 jasses de changer de camp. Pour gagner 15, il fallait alors arrêter la balle adverse avant la ligne virtuelle matérialisée sur la touche par le « bâton ». Ce procédé était « longuet » et se pratiquait encore dans les années 1950-1955.
Autre particularité de l’époque : la longueur du terrain
était alors de 100 mètres réduite par la suite à 90 mètres, pour atteindre 80 mètres actuellement. Cette modification des distances, intervient précisément à cause du changement de l’ancien règlement par rapport au nouveau. Les « jasses » impliquaient un jeu de fond nécessitant moins de finesse mais beaucoup plus de puissance (d’où l’intérêt de marquer « la jasse » contre le battoir, le plus près possible de la ligne médiane). Cet ancien règlement permet d’expliciter les raisons pour lesquelles nous trouvions alors des batteurs qui faisaient « glisser » leur balle avec puissance afin qu’elles soient arrêtées le plus loin possible de la médiane par l’adversaire. Certains batteurs de l’époque sont toujours connus dans les milieux du tambourin national : BARRAL de Gignac, PONTIER de
Cournonsec. En 1999, le battoir existe, mais il n’est plus obligatoire et bon nombre d’équipes le délaissent au profit de l’engagement au tambourin. Donc, avant la guerre 14/18, le tambourin se pratiquait au Causse. Survient le cataclysme au cours duquel ces mêmes joueurs de tambourin du Causse et d’ailleurs, donnaient le meilleur d’eux-mêmes dans les tranchées de Verdun ou du Chemin des Dames. Après la guerre, une nouvelle génération d’hommes arrive sur les terrains de tambourin.
Au Causse, ces terrains se situaient sur la route de Saint Martin, un lieu qu’on appelait « Le champ de Radier », là où notre ami belge, M. POULAIN a construit sa maison. Ce terrain, selon les anciens, s’apparentait plus à un champ de mines qu’à un terrain de sport mais il faut comprendre qu’en ces temps, les « bulls », les « niveleuses » et les « cylindres » étaient inconnus du public Caussenard. Outre le terrain, le matériel est rudimentaire : un disque de bois (souvent du micocoulier), sur lequel était clouée une peau souvent mal tannée de chèvre ou de cheval, trop épaisse, ce qui la
rendait peu élastique. Les balles étaient noires, semi-pleines, bien plus lourdes et dures que les balles actuelles. A cette époque qui s’étale de 1925 à 1938 (environ), les hommes de terrain s’appelaient Joseph et Louis ARBIEU, Jean BOUGETTE, Aristide CLAVEL, Amédée DUSFOUR, Pierre CHAPTAL, Sylvain VIALLA, Joseph RODIER, Henri VAREILHES, Léon LALEQUE et quelques dizaines d’autres que j’oublie parce que les ayant mal connus. Il n’existe toujours pas de club officiel, toujours pas de championnat. Parfois cependant, grâce au dévouement et à la « débrouillardise » de Léon LALEQUE, responsable, l’on convient d’un match qui avec Brissac qui avec Ganges ou Notre Dame de Londres, ou bien encore Viols le Fort. Mais attention, pas plus loin ! Pourquoi ? ? ? Tout simplement parce que les joueurs qui se rendaient visite de village à village se transportaient sur les lieux, soit à bicyclette (pour ceux qui avaient la chance d’en posséder une), soit le plus souvent à pied (non, les golf GTI, B.M.W et autres n’existaient pas encore), l’échauffement était ainsi assuré après 10 ou 15 km de marche ou de « bécane »...
Et une nouvelle fois, la folie des hommes fait basculer la France dans un autre conflit... Une nouvelle fois, les hommes désertent les terrains de tambourin et les balles noires pour se préoccuper d’éviter d’autres balles hélas, beaucoup plus meurtrières... La guerre finie, le tambourin reprend au village.
Le terrain de RODIER, trop raboteux, est abandonné au profit de la « Place du Causse » plus exactement le « Plan du Lac ». Celui-ci à cette époque, n’avait rien de commun avec ce qu’il est aujourd’hui. Dans un premier temps, le terrain très couru était situé entre la maison de Bernard BOUGETTE
et celle d’Edmond CAMMAL. Là encore, le nivelé aurait mérité étude. Puis l’on a changé de direction, toujours sur le Plan du Lac. On jouait de la maison de Jean CAMMAL au mur de la Placette.
Une nouvelle génération de joueurs arrive sur la place dans cette période comprise entre 1946 et 1956 (environ). Quelques anciens, encadrent les jeunes. Ils ont pour nom Léon LALEQUE, Joseph RODIER, Gabriel BOUGETTE, Henri VAREILHES. Les jeunes joueurs d’alors s’appellent Etienne ALLARY, François SALVI, Reni CAMMAL et quelques autres. Cette période sera la moins « suivie » par les « fanas » du tambourin. Celle où l’on notera une sorte de lassitude, un manque d’engouement et comme cela se produit à chaque fois dans ces cas là, c’est la cassure. Pourtant, ailleurs le tambourin éclate, c’est l’apothéose pour des clubs comme Vendémian (ça l’est toujours d’ailleurs), Gignac, Saint Georges d’Orques (et l’inévitable M Paul BELLAS), Usclas, Cournonsec, etc... Au Causse, on s’arrête pendant une quinzaine d’années environ - on ne joue plus au tambourin le dimanche. On arrive ainsi aux années remuantes de 1968. Au village, quelques nostalgiques, quelques anciens et surtout la toute nouvelle génération reprend timidement le tambourin. Ce sont les deniers jours du tambourin dit « classique », en bois et sans poignées. Son successeur nous vient d’Italie : tour en plastique et la peau animale est remplacée par un tissu nylon très dur, très souple, le même tissu utilisé pour les voiles des navires. La balle noire est remplacée par les balles rouges et blanches (pour les nocturnes), plus grosses, beaucoup moins dures. Une poignée de cuir assure la prise en main du tambourin. Au Causse, les anciens s’appellent François SALVI, René CAMMAL. Les nouveaux s’appellent Robert ALLARY, Bernard BOUGETTE, Claude ROCHER (dirigeant), Bernard GAUCERAND, son frère Robert, Jean-Claude CAMMAL et quelques autres. Au début, « ils s’amusent entre eux » et puis un beau jour de 1972 ou peut-être 1973, sous l’impulsion de Bernard BOUGETTE, le tambourin reprend ses droits au village. Cette fois-ci, il faut s’adapter, suivre l’évolution des idées, des techniques, des mentalités. Bernard BOUGETTE crée le club T.C.C officiellement. Le Causse est engagé dans un championnat 3e série. Très longtemps, le club évoluera à ce niveau, toujours bien placé au classement. Dans le village, les jeunes s’intéressent à ce sport tellement différent du football, de l’athlétisme ou autre. Et puis dans les années 80, le club accède à la 2° série. Pour le Causse, c’est déjà beau, face « aux grosses cylindrées » Vendémian, Counonsec et autres. A ce niveau, l’équipe joue très bien et évolue chaque année dans la première moitié du championnat. Les joueurs sont très jeunes, ils ont pour nom Jean-François SALVI, Christian CAMMAL, Eric et Lionel VAREILHES, Dominique ALLARY, Jean-Jacques CAMMAL, encadrés par quelques anciens Bernard BOUGETTE notamment. C’est aussi à la fin des années 80 qu’après avoir décroché la première place, l’équipe décidait de monter en 1e série, c’est à dire le « top » et va devoir se mesurer aux Vendémian, Cournonsec, Cournonterral, Saint Georges, Montarnaud et autres. Le Causse en 1e série, c’est « Byzance ». Mais ce n’est pas tout, le club toujours dirigé par Bernard BOUGETTE d’une main de maître, décide également de former une équipe féminine dont les joueuses ont pour nom Josy BALJOU, Annie TEISSIER, Véronique CAMMAL, Sylvie MELGARD, Marina SEBE, un peu plus tard Séverine TEISSIER et quelques autres. Ces jeunes dames feront honneur au club et obtiendront des résultats flatteurs tout au long de leurs parcours. L’équipe première se bat fort bien et se maintient dans la première moitié du classement.
Mais voilà, le temps use tout, le corps et les mentalités, d’autres loisirs appellent à d’autres essais et puis aussi le « bénévolat » n’est pratiquement plus possible pour « l’encadrement ». Les deux ou trois anciens cèdent leur place, Bernard BOUGETTE abandonne la direction du club et la faillite suivra en début des années 1990.
Nous sommes aujourd’hui en 1999 et comme le phénix, le T.C.C. remet ça. Bravo messieurs : qui ose gagne, et nous aimerions bien que vous gagniez. De ce bref historique, deux noms émergent Léon LALEQUE, le principal artisan du tambourin au Causse de 1920 à 1955. Ensuite Bernard BOUGETTE, véritable fondateur du club avec Claude ROCHER et quelques autres et qui a permis au Causse de flirter avec les « grands » de ce sport à nul autre pareil.
Article de presse écrit par Alain VAREILHES - La Garrigue entre la Séranne et le Pic Saint Loup n°96 - Mars 1999
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