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mardi 17 juin 2003, par
Au retour des grandes foires de Bourgogne, lorsqu’ils déboulaient des Cévennes avec leurs manades de mulets chargés à tout rompre, ils avaient fière allure les "bouïres" [1]d’hier. Tout le village sur le pas des auberges saluait ces hommes de courage qui tenaient serrée dans les plis de leur cape, une odeur de bruyère et de pluie qui parlait d’aventure. Le péage à payer, abreuver les bêtes et déjà la troupe se reformait pour ce qui restait de route jusqu’à Montpellier.
Du côté de Ste Croix, avec leurs sonnailles qui carillonnaient "vêpres et salut", une litanie d’ânes remontait allègrement. Vagabonds, pèlerins, colporteurs, manjo-camin, traînes-misère leur emboîtaient le pas dans un joyeux désordre.
Nous étions à Fontanès, terre du comte de Melgueil [2], aux limites du domaine des Bermond d’Anduze/Sauve. Ici deux chemins se croisaient, l’un venait de Francie et gagnait vers la mer, l’autre conduisait de Nîmes à Toulouse par Sommières et Aniane.
Par delà l’emprise de ces voies tombées depuis en déshérence, le témoignage le plus ancien qui demeure encore visible, vous le découvrirez dans l’enchevêtrement des vieilles bâtisses du mas de la Roque, c’est la Tour du Péage qui fut utilisée jusqu’au XIIIe siècle.
LA TOUR
Par son implantation, son architecture, le type de matériaux mis en œuvre, la Tour se rattache au vaste ensemble des Citadelles du Défi. Ces citadelles : Tours de Salle (Valflaunès), Castellas (Corconne), Vieux-Claret, Saint-Jean (Pompignan) pour citer les plus proches, accompagnent les grands axes de circulation en usage au seuil du Moyen-Age.
Extérieurement, la Tour et le mur d’enceinte sont visibles sur la façade sud du mas. Le mur d’enceinte enserre une terrasse à l’aplomb du chemin dont la calade est encore en place sur quelques mètres. Une arche au travers du chemin, fermée d’une porte nous donne une indication précise sur la largeur de la chaussée.
A proximité, deux puits pour abreuver hommes et bêtes, une lavagne pour les troupeaux…
A l’intérieur de la Tour, une pièce voûtée occupe le rez de chaussée, l’entrée actuelle s’ouvre à l’Est. Une petite fenêtre au Sud, fermée d’un croisillon, éclaire la pièce. La découpe particulière de l’embrasure donne la hauteur du plafond. A l’étage, une pièce de mêmes dimensions que celle du bas. Au sommet de la Tour, une terrasse ou un simple toit.
LES CHARTES
En parallèle à ces importants vestiges, deux chartes désignent explicitement "La Roque".
La première de Pierre Bermond "senhor" de la maison d’Anduze. La seconde de St Louis (août 1254). Ces textes font référence à la donation accomplie entre 1223 et 1230 par Pierre Bermond au bénéfice du monastère cistercien de Fonts (St Julien les Rosiers près d’Alès). Pierre Bermond donne les 1/10e des revenus du péage pour l’entretien de 7 religieuses.
COMPRENDRE
La découverte de la Tour de la Roque, la confirmation par les chartes qu’il s’agit bien du lieu où le comte de Melgueil faisait percevoir un péage, permet une mise en place globale sur l’ensemble de ce terroir, avant qu’il n’entre dans le domaine des évêques de Maguelonne au XIIIe siècle. Deux éléments majeurs en découlent :
Article de presse écrit par Pierre MINET - 1989
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