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Un géant des garrigues : le pic saint-loup

mercredi 19 décembre 2007, par Caumont Daniel

Depuis le promontoire de la promenade du Peyrou à
Montpellier, la retombée méridionale du massif du
Pic-Saint-Loup barre l’horizon ; aux allures de simple
colline trapue, eIle se confond dans le moutonnement boisé,
des garrigues qui prolongent la ville.

pic Saint-Loup

La silhouette la plus hardie de ce géant celle qui lui
revêt ses caractéristiques de « pic », n’est cependant
pas la plus connue de lui, la plus familière. Il faudra
prendre la route dite « de Mende » et se rendre non loin
du village de Saint-Mathieu-de-Tréviers pour en
contempler les plus variés et pittoresques aspects.
Le profane qui parcourt ses sentiers au long de la
classique ascension de son sommet agreste est loin de
songer qu’il foule sous ses pieds un des plus originaux
et spectaculaires massifs calcaires du Sud de la France.

Perchée à plus de 643 mètres d’altitude, son escarpe
vigoureusement élancée domine l’immense table calcaire
du causse de Viols-le-Fort ; elle incarne à elle
seule l’image la plus iconisée des garrigues
nord-montpelliéraines.


« Ces collines calcaires, faites d’usure et d’érosion,
n’atteignent jamais au chaos ni à la violence, et les
affaissements de rochers qui coupent les pentes prennent
l’aspect de falaises bordant des océans disparus »

(Gaston Baissette).

Ses fines strates blanches portées à la verticale
au-dessus du bassin de Saint-Martin-de-Londres,
érigées tel un gigantesque mille-feuille, mettent en
exergue une superbe face Nord, colossal miroir de calcaire
à l’assaut de laquelle grimpe un immense talus boisé de
chênes verts centenaires. Pierriers considérables et
dalles vertigineuses exposées aux quatre vents, renforcés
par trois éperons trapus burinés à même son échine
créent un décor d’une étonnante beauté. pic Saint-Loup
Lorsque nous parcourons d’Est en Ouest sa crête
occidentale fine comme l’arrête d’un peigne, entre la
chapelle Saint-Joseph située au sommet et la petite tour
qui surveille le village de Cazevieille, ces fameuses
strates régulières aux aspérités saillantes qui sonnent
sous nos pas sont là en témoignage de puissantes forces
de compression.

Leur verticalité, qui rappelle les touches d’un piano,
témoigne de là violence de mouvements tectoniques qui
lentement et progressivement au cours de millions d’années
ont façonné les paysages du Languedoc. Des paysages
d’apparence tranquille, aux formes généralement adoucies
et paisibles, secrètement, cachent en leurs plis froissés
et sous une végétation couvrante, une longue aventure
géologique. Dans sa majesté et à lui seul, le
pic Saint-Loup, souligné par la pureté de ses lignes
et son élégante silhouette, rassemble dans le détail
gorges, ravins, thalwegs, avens, autant de phénomènes
karstiques qui taraudent sa surface et qui font par là
même l’originalité des étendues sauvages qui ça et là
courent de la grande bleue à la montagne de la Séranne.
Maître incontesté de ces garrigues dont il constitue le
point le plus élevé, il doit très justement sa réputation
à la force magique toujours renouvelée que sa silhouette
dégage quelle que soit l’approche que l’on en fait.

 Par les routes de la vallée du lez

Avant même d’aborder la petite route du col de Fambetou
(Dl) qui permet d’approcher de très près sa superbe face
Nord visible de fort loin en venant de la plaine du
Vaunage ou bien de Prades-le-Lez, on s’arrêtera à
l’entrée du village de Tréviers, lieu dit de la plaine.

Un grand carrefour, qui jouxte le hameau
le « Lac de Jantou » offre un superbe coup d’oeil sur
ce véritable décor de théâtre qui réunit sur un même
plan la montagne de l’Hortus et les crêtes du château
de Montferrand (I).
C’est de ce point précis, bien
connu des photographes ou des amateurs d’aquarelles,
que le pic Saint-Loup, placé en arrière-plan montre
un de ses plus hardis et pittoresques aspects. Un de
ceux qui fui valent par ailleurs sa morphologie de pic
que l’on pourrait facilement comparer à celle d’une
« lance », voire même d’une « dent », à l’identique
de celles qui couronnent les plus beaux sommets des
Alpes.

En poursuivant la route en direction de
Saint-Martin-de-Londres. la combe de Fambetou,
échancrée au sein d’un vaste vignoble, sublime ce paysage
en pénétrant carrément au coeur de ce dernier. Taillée
sur les pentes d’éboulis de la montagne de l’Hortus, elle
s’engage dans une pinède, laquelle, à la faveur de
quelques trouées, dévoile l’imposante face Nord de ce
géant. Face à soit, la falaise de plus de 120 mètres de
haut, dressée tel un immense rempart sur plus de 2 000 pic Saint-Loup
mètres de large, ferme complètement l’horizon. Elle
occulte l’immensité des garrigues méridionales, formées
d’assises et contreforts tourmentés dans lesquels
s’incrustent de nombreuses vallées et de longs et
sinueux ravins.
Cette face Nord élégante est d’une verticalité absolue
telle une muraille infranchissable. Très prisée des
varappeurs, elle offre de nombreuses voies d’escalade
dont certaines comportent des difficultés qui en font
un terrain de prédilections pour les amateurs avertis.

 Par la plaine des garrigues de Seuilles (Causse de Viols-le-Fort -Cazevieille)

C’est effectivement l’itinéraire le plus classique,
à partir de Montpellier, si l’on emprunte la D.986 (
dite route de Ganges), mais il est loin d’être le plus
révélateur des aspects les plus hardis du massif. Cette
route, qui évite te village de Saint-Gély-du-Fesc et que
l’on emprunte pour atteindre le village de Cazevieille à
partir duquel on peut atteindre te sommet, traverse
l’immense plaine de Seuilles.
Elle en dévoile ses pentes adoucies, celles trompeuses
qui lui confèrent son allure de modeste colline. Mais
si l’on ne désire point se rendre à Cazevieille et
faire le « tour » du massif pour revenir par le
sillon du Lez (Prades-le-Lez), ce n’est qu’à
l’approche du village de Saint-Martin-de-Londres et
plus exactement du hameau du Mas de Londres que se
révèle toute la splendeur de cette élégante montagne.

« Là, près de la métairie de la Pourcaresse, le pic
de Saint-Loup reprend sa forme aiguë ; on voit le chaînon
de profil, tel un obélisque titanlque et fier. »
(A. D.)

  Par les chemins et sentiers

Plusieurs approches pédestres sont possibles pour
atteindre le sommet du pic et cela, sur toutes ses faces.
La plus classique, qui n’est par forcément la plus
pittoresque mais certainement la plus révélatrice de
ses caractéristiques est celle qui trouve son point de
départ dans le village de Cazevieille sur le causse
de Viols-le-Fort.
Un grand chemin (de la Dévotion) emprunté autrefois
lors des processions de la Saint-Joseph permet d’en
faire l’ascension. Cette promenade « grand public »
d’une heure et demie environ sans trop de difficultés
nécessite cependant un peu d’endurance et des chaussures
de marche adaptées.
En empruntant à partir de Saint-Mathieu-de-Tréviers le pic Saint-Loup
sentier qui passe à l’aplomb du château de Montferrand,
on pourra rejoindre ce chemin principal au col de la
Croisette (point de départ de l’ancien chemin de
Croix). Il faudra là aussi compter bien plus d’une
heure et demie de marche.

D’autres possibilités, réservées aux bons marcheurs,
sont offertes par les nombreuses pistes qui courent
sur la crête du massif voire sur sa face Nord abrupte.
Il ne faut cependant pas être sujet au vertige, craindre
la marche en terrain accidenté ni surtout partir sans
aucune expérience de la montagne.

 Que trouve-t-on au sommet

La Tour d’observation

Hormis le poste d’observation panoramique pour la
prévention des incendies, qui coiffe l’arête sommitale
la plus élevée, le sommet du pic, comme bien des
montagnes dominantes est occupé par des symboles
religieux objet de culte et de traditions.


La chapelle Saint-Joseph

Construite à même le roc sur un petit replat abrité
du Nord, cette chapelle coiffe la partie la plus insolite
du sommet de l’édifice dont le style très dépouillé
remonte au XIXe siècle n’a rien de particulier. Une nef
et une abside sans ouverture lui confèrent une allure
assez austère. Une petite sacristie prolongée par l’ancien pic Saint-Loup
habitat modeste d’un ermite, ainsi qu’une citerne qui
recueille l’eau de la toiture, censée guérir autrefois
des écrouelles, sont les seules richesses de ce bâtiment
restauré il y a quelques années par des bénévoles.
Dédié ou culte de Saint Joseph et point de recueillement
final du chemin de croix qui avait lieu autrefois le
19 mars de
chaque année, les pèlerins assistaient a une messe
célébrée à l’extérieur non loin du parvis aujourd’hui
détruit.

La Sainte Croix

Régnante sur son support, métallique dans son
habillement, cette structure symbolique, dernière
station du fameux chemin de Croix qui rassemblait
les fidèles des villages alentours, impose aux
visiteurs ses 9,50 mètres de hauteur. Pas très élégante
à vrai dire et surtout désertée par un Christ qui
n’aurait pas été épargné par tes affres d’un sommet
parfais très venté, la présente croix remplace une
ancienne plus petite, objet d’un culte particulier.
C’est en 1911 que l’actuelle fut érigée, l’ancienne en
bois étant jugée trop près de la bordure dangereuse de
la falaise. On prétend que tes jeunes filles voulant se
marier dons l’année venaient y piquer une aiguille ou y
baiser un clou planté, Aujourd’hui, la nouvelle croix
étant en fer, cette tradition est désormais abandonnée
et pour cause.

  Que voit-on du sommet ?

« Par les beaux temps, on découvre de là haut tout le
rivage méditerranéen, depuis les Alpes maritimes jusqu’au
Canigou et même aux monts de Catalogne. Les garrigues,
aplanies en apparence, déroulent leur nappe de
broussailles languissantes ; plus loin, jusqu’à la mer,
c’est la verdure du vignoble enchâssant les villages,
les bourgs, les villes, les coteaux revêtus
d’oliviers. »
(A. D.)

Le sommet du pic Saint-Loup offre essentiellement une vue
très dégagée sur les garrigues et les causses
nord-montpelliérains. En contre-haut de la chapelle
érigée sur un petit replat sommital, lorsque l’on pic Saint-Loup
s’approche de la bordure à la faveur d’une allée de
strates dont l’une d’entre elles forme un garde-fou
naturel face au vide, le spectacle est éblouissant.

Au premier plan, en contrebas, c’est d’abord la vaste
table inclinée du causse de l’Hortus magnifiquement
mis en valeur par sa belle falaise toujours ensoleillée
qui attire irrésistiblement le regard. En son extrémité
la plus effilée on y devine les ruines du château de
Viviourés (Xle siècle) que nous aurons l’occasion de
visiter dans un prochain article. Vers le Nord, celle du
Thaurac dans laquelle s’ouvre la grotte des Demoiselles
s’illumine un peu et se détache, laquée sur un fond de
montagnes au premier plan duquel s’impose la montagne
de la Fages. Les Cévennes méridionales toutes proches
inaugurent juste derrière la longue chaîne de l’Aigoual
prolongée vers l’Ouest par le massif du Lingas.
À l’Ouest, au-dessus du village de
Saint-Martin-de-Londres qui occupe la bordure
d’une immense cuvette, et en fond
d’horizon, la Séranne, immense barrière
hérissée de nombreuses éminences
(pic Saint-Baudille, Peyre-Martine, etc.)
occulte le Larzac au-delà de son
belvédère trapu du Roc Blanc (945 m).
À l’opposé, c’est-à-dire vers l’Est en
direction du Vaunage, les monts Bouquet
et Ventoux et plus encore dans le même
axe le massif du Vercors viendront, selon
la luminosité, se dessiner au travers des
brumes et autres obstacles des fumées
industrielles de la vallée du Rhône.
Hélas, le sommet du pic, plus exacte
ment la végétation de chênes verts qui
s’enracinent parmi ses nombreux lapiaz
occulte non seulement son point de
vue méridional tourné vers la « grande
bleue » mais aussi et surtout l’immensité pic Saint-Loup
des garrigues qui s’étirent à sa base. La
combe de Mortiés et son illustre vignoble
ne se distingue que furtivement lors
de la montée sur le chemin classique.
Quant à la plaine de Seuilles, du nom de
la magnifique ferme qui y trône, que l’on
traverse en automobile avant d’atteindre
le village de Cazevieille, celle-ci n’apparaît que lorsque l’on tente l’approche de
son épaulement Ouest, quelques mètres
au-delà du calvaire sommital. C’est de
cet endroit précis qu’un superbe sentier
permet de descendre l’arrête occidentale
du massif et que l’on peut estimer et
apprécier pour le mieux l’étendue du
causse Viols-le-Fort-Cazevieille. Moutonnement de garrigues et autres
éminences hérissées de chaotiques
tapies, tapissées d’une chênaie dominante sur plus de trente kilomètres
carrés constituent un pays authentique et
sauvage, ce fameux pays de garrigues
loué et chanté par de nombreux
écrivains et poètes.

P.-S.

Parution originale : Gazette Economique et Culturelle du Languedoc n°1325, p. 14-17. 2007

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