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mercredi 25 novembre 2009, par ,
Ils étaient tous là : Vincenté Lapounta, Paou la Carnaou, Tia Isabelle, Tio Tchimet, Tio toni, Diégo Pagan. Bref, toute une équipe savoureuse de joyeux lurons, dont certains réfugiés de la guerre d’Espagne, qui ont marqué mon enfance. S’était joint à eux, Emile mon père.
Tous les ans, le lundi de Pentecôte, ils se retrouvaient au pied du pic St Loup, ultime sommet triangulaire qui domine la plaine languedocienne. Grimper le pic, face Sud, pendant cette période est un rite qui se poursuit de génération en génération depuis la nuit des temps.
Du haut de ses 660 mètres, le regard séduit embrase toute l’immensité
Montpelliéraine plaquant son long cordon du littoral méditerranéen de
Palavas à la Grande-Motte. Bref ! Un rite que les autochtones dont moi-même plus tard, jeunes et moins jeunes, ne loupaient jamais pour rien au monde.
Ensuite si l’on n’avait pas trop insisté sur les testicules de mouton, boudins et autres ingrédients aux saveurs
plus ou moins piquantes accompagnés d’un bon rosé de Tréviers très frais, nos rieurs s’attaquaient à la montagne.
Peu de volontaires cette année là compte tenu que, le soleil aidant, la tâche
s’avère délicate. Ne reste dès lors pour accomplir l’ascension que mon père et Ahmed, son fidèle adversaire de parties de pétanque homériques suivies chaque soir par la population enthousiaste.
Les voila donc attaquant hardiment les premiers lacets durs et rocailleux
au milieu des chênes kermès. Il fait soif,
cruellement soif même mais ils avancent accompagnant leurs efforts d’éructions et autres senteurs pétantes plus ou moins odorantes. M’est avis que même les putois ne restent pas dans les parages.
Déjà à mi-pente ils suffoquent. Que faire ? Rebrousser chemin ou continuer jusqu’à la chapelle du sommet ? D’aucuns prétendent qu’à l’intérieur existe une source miraculeuse où l’on peut se désaltérer avec délice. Marchant, rampant, exultant à qui mieux, mieux, nos deux compères arrivent enfin à la chapelle.
Le pied, quoi ! D’autant qu’un glouglou à l’intérieur leur murmure ses doux sortilèges. Hélas, tout serait merveilleux si la porte n’était pas fermée à clef. Pas de problème décide mon géniteur. Je vais passer par le « finestrou » et le voila derechef grimpant le long du mur comme un lézard et inventant assurément bien avant l’heure un curieux style de varappe à l’ancienne.
Passer donc par l’œil de bœuf, sauter dans la grande salle et ouvrir la grande porte par l’intérieur ne serait pour lui qu’une simple formalité si par malchance il n’avait accroché au passage la statue de St Loup et cassé le bras au niveau de l’épaule. Soit ! On est un peu révolutionnaire dans la famille mais nous n’en sommes pas pour autant des vandales intégristes. Rien à voir avec les casseurs patentés !
Donc, les voila, penauds et meurtris, rabibochant du mieux qu’ils peuvent le membre meurtri mais le fil de fer ne court pas rues dans le coin. Tout est bien qui finit bien et ils vont pouvoir en raconter une bien bonne à leurs amis après la descente.
Oui, tout serait parfait si quelques temps après ils n’avaient lu dans la presse et entendu à la radio que des voyous avaient cassé le bras du brave St Loup et l’avait dirigé en direction de la Mecque. Etre considéré, bien avant les talibans, comme de curieux mollahs obscurantistes les avait peiné et honteusement mortifié.
Le remord peut-être mais quelques jours après, mon père passant devant l’église du village dit à ses collègues :
Un curé d’ailleurs très déconcerté par ce revirement soudain mais il en a vu d’autres :
Alors là motus ! A chaque question du prêtre, notre pécheur refuse de dévoiler le nom de ses prétendues dulcinées.
Toujours motus
Silence, re-silence, c’est ainsi que mon créateur quitte l’église de Prades le Lez sans être absout de ses soi-disant péchés.
Je suis natif de Prades le Lez et réside désormais en Limousin près
de Limoges. En tant que responsable association d’un groupe de
randonneurs, j’ai effectué plusieurs fois avec mes amis l’ascension du
Pic St Loup qui demeure mon 1er sommet de découverte Alpes et Pyrénées.
J’ai écrit une petite histoire authentique mais aussi romancéeet et
pimentée de sourire. Elle m’a été racontée par certains anciens de
Prades le Lez et concerne l’escalade du Pic.
Pour faire plus connaissance : le site du Groupe évasion 87