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Le Pic Saint Loup, Regards d’hier et d’aujourd’hui

samedi 24 juillet 2004, par Fabre G.

Nous n’allons pas, rassurez-vous, reprendre ici la légende des trois ermites et de leurs amours malheureuses qui revient par intermittence, émouvoir nos cœurs de midinette, mais nous allons tenter de répondre à quelques interrogations que nous pose notre montagne sacrée.
L’érudit Mme Durand-Tullou, dans "Religion populaire en Cévennes" (annales du milieu rural) nous permet d’éclairer certains points demeurés obscurs pour beaucoup d’entre nous.

Le culte

St Loup ou St Leu, objet d’un culte sur notre pic, archevêque de Sens, mourut le 1er septembre 629.
Représenté parfois avec une banderole, un cerf, un loup, un incendie, il semble avoir été évoqué par les bergers désireux de se garantir du loup et par les parents afin de préserver leurs enfants de la peur.
St Loup étant peu connu dans notre région, le fait de donner son nom à notre pic majestueux a du lui faire un sérieux coup de "pub" !! Mais trêve de plaisanterie, il semble que le sanctuaire établi au sommet remonte à la plus haute antiquité.
Mme Durand-Tullou nous signale que le 8 septembre 1425, Marie, femme de Raymond Dumas, du Mas de Cuculles, léguait par testament 15 deniers à chacun des sanctuaires suivants : St Mathieu de Tréviers, St Pierre de Valflaunès, St Etienne de Cazevieille, Notre Dame de Célébès, et St Loup.

Le Pic Saint Loup
Auteur : Jehan-Paul Gaujac

La chapelle a été édifiée à une date qui n’a pu être retrouvée. Elle comprenait la cellule de l’ermite et une citerne dont l’eau, jadis, passait pour guérir les écrouelles.
La date du changement de vocable n’a pu être établie mais St Joseph a pu remplacer St Loup, semble-t-il, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est donc le 19 mars que les pèlerins des paroisses voisines montaient en pèlerinage au sommet. Une croix en bois dominait l’à-pic impressionnant mais sa situation rendant son approche dangereuse, on la remplaça en février ou mars 1911 par une croix métallique de 9,50 m de hauteur. Elle fut amenée en trois éléments jusqu’à la Crouzette où s’arrêtaient les charrettes et 58 volontaires se chargèrent de la monter au sommet. Le christ fut transporté ensuite et la petite croix de bois fixée sur le côté droit de l’armature. Il devint alors impossible aux jeunes filles désirant se marier dans l’année de l’atteindre pour piquer une épingle dans son bois ; depuis, les jeunes gens des deux sexes ont pris l’habitude, afin de voir leur vœux se réaliser, de toucher le gros clou en cuivre qui se trouve au pied de la croix pour marquer le point culminant.

La présence des ermites

Mme Durand-Tullou (que deviendrions-nous sans ses innombrables connaissances ?) nous dit que la présence d’un ermite au Pic St Loup est attestée à plusieurs reprises. Le 24 juillet 1428, Jean Roque léguait par testament deux moutons d’or au frère Pierre Soubeyras, ermite du Pic St Loup. Cet ermite rédigea son testament le 23 juin 1430. Il demandait à être enterré en l’église même du Pic St loup.
A la date du 26 février 1462, frère Justin Alric vivait seul à St Loup.
Plus près de nous, au XVIIIe siècle, un acte important nous livre le nom d’un ermite, Philippe du Berger. "L’an mil sept cent quarante trois, le vingt-troisième février, sur la permission à nous accordée par Monseigneur, l’évêque de Montpellier, avons procédé à la bénédiction de la chapelle de St Loup (...) assisté de Jean Granier, prêtre des Matelles et de M. Guilhaume Autran, prêtre de St Jean de Cuculles (...) et le frère Philippe du Berger, solitaire de la dite montagne de St Loup, qui a réparé la dite chapelle par ses soins et fatigues et qui continue à la rendre dans sa dernière perfection".
Vers 1880, c’est le frère Alaus qui réside au Pic St Loup. Ses parents étaient marchands drapiers, rue de la Loge à Montpellier. Ordonné prêtre, il gagne la chapelle du Pic pour y vivre sa vie d’ermite, aidant aux cultures dans les mas avoisinants. L’hiver, il vivait au mas de Courtès faisant le catéchisme et l’école aux enfants du voisinage. Le dimanche, il célébrait la messe à St Etienne de Cazevieille.

Auteur : Jehan-Paul Gaujac

Mme Durand Alphonsine de Notre Dame de Londres, née en 1898, nous disait avoir vu un ermite du Pic dans le village avant la guerre de 1914, venant aider aux moissons avec un grand sac sur le dos et des cannes sur le bras.
M. Edmond Tessier confirme la présence de cet ermite aux environs de 1910. Il s’appelait Michel Maury et appartenait à la religion protestante, bon petit vieux loqueteux et crasseux, il portait en bandoulière une panetière de toile grise et sur son bras, une dizaine de cannes sculptées, son œuvre, avec lesquelles il réglait quelques dépenses comme le ressemelage de ses chaussures.
Tombé malade et d’un âge avancé, malgré son désir de reposer au Pic St loup où il avait creusé sa tombe, ne pouvant plus se suffire, il regagna sa ville natale, dans la vistrenque, où il finit ses jours à l’hospice. Il fut le dernier ermite du Pic St Loup.
Selon la tradition, les premiers ermites utilisaient comme refuge une grotte ouvrant sur la paroi Nord. C’est possible, et la légende s’est emparée de la grotte de l’ermite dont nous vous conterons l’histoire un prochain numéro.

Le Pic aujourd’hui

Le pèlerinage renaît sous l’impulsion des habitants de Cazevieille. Le dynamique Abbé Didier, qui bat avec ses jeunes tous les records de vitesse à cette occasion, célèbre au sommet une messe bouleversante réunissant dans une même action de grâce les pèlerins de la terre et le ciel.
Dernière et heureuse nouvelle : un jeune homme, sans doute empli de courage et d’opiniâtreté, tende de réparer les outrages subis par la chapelle au fil des ans.
Tous les amoureux du Pic St Loup se réjouissent de cette initiative et en adressant un chaleureux merci à ce valeureux garçon, appellent sur lui les bénédictions jumelées de St Loup et de St Joseph.

P.-S.

Article de presse écrit par G. Fabre.
Illustrations de Jehan-Paul Gaujac.
La Garrigue entre la Séranne et le Pic Saint Loup n°85 - Juin 1996

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