Accueil > Partout > Le bébé bio de Quissac grandira-t-il ?
lundi 14 juin 2010, par
NoteDeLoupic : une initiative qui peut intéresser les habitant d’une partie du territoire "de Loupic", grosso modo les communes entre Saint-Mathieu-de-Tréviers et Corconne.
Par Thierry Arcaix, à retrouver tous les dimanches dans l’Hérault du Jour
AMAP. Manger bio et produire local. Mais comment « faire sa place » dans un monde pas toujours aussi compréhensif qu’on le voudrait ?
Outre Vidourle, il existe une petite ville gardoise où se joue un de ces épisodes importants de l’évolution de nos comportements de consommateurs. En effet, aujourd’hui, tant au niveau local qu’international, les préoccupations liées à l’environnement, à la santé et à la qualité de notre alimentation prennent de plus en plus de sens. En voilà une bonne illustration, à Quissac, avec une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne). Si cette association répond bien à la forte demande actuelle d’aliments de qualité, produits dans des conditions de culture et
d’élevage non polluants, respectueux des écosystèmes, si elle contribue efficacement à maintenir des structures agricoles en milieu rural, notre AMAP rencontre de nombreux problèmes, bien sûr, face à l’agro-industrie, mais aussi parce qu’il lui faut « faire sa place » dans un monde pas toujours aussi compréhensif qu’on le voudrait. Explications.
C’est en 1992 qu’Olivier et Elisabeth Nef, originaires de la région, s’installent comme agriculteurs bio sur 5000 mètres carrés avec quelques chèvres et du maraîchage. En 1995, ils afferment 11 hectares à Monoblet (Gard) : fromage, légumes, volailles, fruits… Ils vendent d’abord leur production sur les marchés (St Hippolyte du Fort, Anduze, Monoblet et Quissac). C’est en 2007 qu’ils créent leur AMAP et abandonnent alors les marchés de Monoblet et d’Anduze. Leur AMAP compte, bon an mal an, une cinquantaine d’adhérents, en provenance d’une zone géographique fluctuante comprise entre Saint Mathieu de Tréviers et Anduze dans un sens, et Ganges et Sommières dans l’autre. Olivier Nef : « Nos clients sont des gens plus ou moins accros, plus ou moins réguliers, de tous niveaux sociaux, de tous corps de métiers et de tous âges, mais unanimes autour de l’importance d’avoir une alimentation de grande qualité ». L’AMAP est ouverte de 9 à 10 mois dans l’année et suit la production locale selon les saisons. On achète un panier entier ou un demi (8 à 16 euros) et on vient le chercher le vendredi soir à partir de 18 h 30 en prenant un verre de jus de fruits bio avec les autres associés. On s’inscrit pour commander du pain, des charcuteries, du poisson, etc.
Malgré un petit nombre d’adhérents, une AMAP est objectivement une aubaine pour le lieu où elle est installée. Elle attire des gens des villages voisins qui en profitent, à plus ou moins long terme, pour fréquenter les autres commerces, bars, restaurants. Elle est une bonne image de marque, un plus pour les nouveaux arrivés, les vacanciers et même dans certains cas un argument de vente pour l’immobilier. Cette réalité, pas suffisamment mise en avant par les « amapiens » devrait être davantage exploitée par eux vis-à-vis des institutions. En effet, un problème récurrent à ce type de structure est celui du local où s’installer pour réunir les adhérents une fois par semaine. Si les marchés, fêtes votives, manifestations sportives réussissent généralement à obtenir les infrastructures nécessaires, ce n’est pas le cas de notre AMAP. En effet, le local qui lui était alloué par la municipalité de Quissac depuis 3 ans lui a été retiré. Il lui faut donc s’installer ailleurs. Sous parasol pendant la bonne saison, mais après ? C’est un appel que lance notre AMAP. Auprès du conseil municipal local, bien sûr, mais aussi auprès de tout autre interlocuteur qui pourrait mettre à sa disposition un garage, chaque vendredi, de 14 h à 20 h…
Au-delà de l’AMAP, Olivier et Elisabeth Nef sont des militants acharnés : ils aident les agriculteurs qui ont des difficultés à s’installer, à trouver du foncier. Ils prêtent temporairement des terres à ceux qui n’ont rien trouvé et qui veulent se faire la main ; ils travaillent avec le CFPPA de l’Hérault (Agropolis) et accueillent des adultes, afin de compléter leur formation sur le terrain d’une exploitation. Un autre projet, généreux et engagé, est en train de voir le jour. M. et Mme Nef viennent d’acquérir 12 hectares de vignes sur la commune de Canaules. Ils proposent au public intéressé de participer à ce projet en achetant une partie de la récolte, devant notaire et pour une durée limitée. Chacun se retrouve donc propriétaire d’un nombre de ceps correspondant à ses moyens, peut les travailler s’il le désire, récupérer la récolte et la traiter à sa façon, ou tout laisser faire par Olivier et Elisabeth et récupérer le vin bio, prêt à boire, sans supplément de prix…
Si la modernité nous a conduits à mettre la planète en coupe réglée, à en épuiser toutes les ressources, un courant actuel, dont font partie les AMAP, est en train de réajuster les choses, de nous réapprendre la sagesse de la modération, mais aussi à prendre soin de la « Terre Mère », à passer, comme l’observe le sociologue Michel Maffesoli, « du rationalisme classique à la raison sensible ».
Contact et inscriptions : EARL Bioterre. 04 66 35 49 96 et 06 43 16 27 27.
Email : bioterre7 (arobase) gmail (point) com
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