Les dieux

" À Cazevieille dans les sépultures à inhumation où les restes humains étaient assez abondants pour permettre de relever la position du sujet, le crâne de celui-ci était dirigé vers le Pic s. Loup.
Il semblerait donc qu’un culte local voulait que l’on inhumât sous la protection de cette éminence et que l’on orientât la tête du défunt vers son " gardien tutélaire ".
Jacques Vallon : Les tertres funéraires protohistoriques des environs du Pic Saint-Loup (page 17)

Je ne sais pas ce que les hommes d’hier mettaient derrière ce que nous appelons dieu ou le sacré , il apparaît que leurs pratiques funéraires ont, à un moment donné, accordé à ce lieu (le Pic) une place centrale au coeur de leur territoire et de leur existence jusqu’à vouloir conserver ce "sens" indicible par-delà la mort.
Ce dieu n’a pas à voir avec une vérité théologique, il a seulement à voir avec les sources, les collines, les rochers, les grottes, un espace géographique qui, ici, trouve son centre de façon spontanée, naturelle, dans ce " signal " monumental vers lequel convergent tous les regards. Ce n’est pas pour rien que quelques ermites y trouvèrent refuge et qu’un jour des signes chrétiens s’approprièrent les quelques mètres carrés de son sommet. D’une certaine manière il s’en trouva baptisé, intégré à la "communion des saints" et de plain-pied avec la vie des paroisses.

Le Pic S.Loup appartient, comme pour les hommes de la préhistoire, à notre mythologie personnelle et à notre imaginaire. Il demeure le centre de gravité d’un terroir où s’enracine notre quotidien. Il n’a peut-être plus cette dimension "sacrale" qui a pu lui être conférée, cela ne l’empêche pas de s’imposer à tous et pas simplement parce qu’il domine le paysage mais aussi et peut-être d’abord parce qu’il est d’une étrange beauté.