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La dernière Corconnade

vendredi 16 juillet 2004, par Minet Pierre

ou la manière dont les cabussaïres trouvèrent un nom pour leur village... [1]

« Quissac n’apparait pas comme une ville fortifiée, comparée à Sauve ou à Sommières. Pour pallier à ce manque de système de défense, trois villages limitrophes ( Liouc, Bragassargues, Corconne ) assuraient le rôle de gardien. Un triangle protégeant Quissac qui a probablement etc... etc.... »

Les garnisons de Liouc, Corconne et Bragassargues ont toujours assuré avec vigilance le rôle clef qui leur était dévolu dans la défense et la protection de la ville de Quissac. Que d’exploits, que de hauts faits d’armes que de vies données dans cet obscur travail de garde et de veille.

Il existe pourtant un prolongement à ces évènements dont je vais vous faire confidence. Il s’agit d’une corconnade peu connue à ce jour mais qui circule discrètement dans les mas de la proche région.

La garnison du Castellas de Corconne était sans conteste la plus exposée aussi remplissait elle sa mission avec grande conviction. Dès qu’à l’horizon quelque troupe barbaresque avançait en ordre de bataille, le milites qui commandait les lieux dépêchait ses hommes en bordure de Coutach pour prévenir les familles habitant les rives de Vidourle, de l’arrivée d’un redoutable danger. Il fallait voir ces gaillards sauter, bondir d’un rocher à l’autre, grimper au plus court, escalader les falaises pour atteindre les rares points d’où ils pouvaient lancer leurs cris et multiplier les signes et les appels.

Les plus jeunes hurlaient, s’époumonaient, agitaient les bras, gesticulaient dans tous les sens, les plus vieux s’égosillaient sans pouvoir obtenir la moindre attention ou le début d’une quelconque réponse.

Personne en bas ne semblait entendre, ou voir, ou comprendre. Ne croyez surtout pas que ces gens travaillaient, priaient, ou dormaient, point du tout Fidèles à leur réputation les cabussaïres dansaient. C’était leur maladie, à la moindre pause il suffisait d’un fifre pour provoquer sarabande ou bourrée, jeunes et vieux tous sans exception, faisaient montre de grand savoir : gigue, farandole, ronde, gavotte, courante, sarabande toute danse était bonne jusqu’à tomber d’épuisement le soir venu. [2]

Dépités les soldats de la garnison qui criaient à devenir aphones, manifestèrent leur désespoir en ajoutant à leurs signaux et à leurs cris une interjection vernaculaire : “ Quissacons “ ou “ Quisuntcum “ qui donna très vite en latin Quinciacom ou Quintiacum [3]. Après quelques vidourlades il resta : Quissac et c’est ainsi que les cabussaîres trouvèrent un nom pour leur village tout en conservant leur sobriquet.

P.-S.

Extrait du n°4 Echo Coutach Vidourle, bulletin de la communauté de communes (juin 2004)

Notes

[1in QUISSAC 75 Fernand Tailhades p.64

[2“ a Sauvo pèr canta

a Quissa pèr dansa

a Canaùla per béuré “

[3même ouvrage p. 64

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