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mercredi 29 novembre 2006, par
Les pelouses sont des
espaces couverts d’une
végétation rase (Brachypode
rameux B r a c h y p o d i u m
r e t u s u m , Astragale de
Montpellier A s t r a g a l u s
monspeliensis, Fer à cheval en
toupet Hippocrepis comosa…)
tandis que les prairies sont
recouvertes d’herbes hautes
(bromes, Brachypode de
Phénicie B r a c h y p o d i um
phoenicoides, Molinie bleue
Molinia caerulea…).
Les pelouses peuvent être issues de jachères (zones agricoles en repos ou abandonnées),
de la dégradation des prairies par un paturage intensif, ou bien recouvrir des sols trop pauvres
pour laisser pousser des végétaux plus hauts. En fait, c’est souvent un ensemble de facteurs
qui maintient une pelouse en bon état.
Ces milieux ras sont appréciés des orchidées qui trouvent des conditions favorables à
l’arrivée de lumière sur leur feuillage en rosette (différents ophrys).
Dans les jachères ou les friches récentes, ainsi que dans certaines parcelles cultivées, on
rencontre une importante diversité de plantes messicoles (espèces liées aux cultures) :
l’Adonis annuelle Adonis annua et le Miroir de Vénus Legousia speculum-veneris ont été
plusieurs fois observées, notamment à Conqueyrac.
Il existe également quelques prairies de fauche : milieux naturels ou semés,
exclusivement herbacés, qui sont maintenus ouverts du fait des fauches annuelles (récolte des
foins).
Les pelouses et prairies sont des milieux qui évoluent très rapidement étant donné qu’ils
sont en constante « perturbation ». Ils sont sujet à la colonisation par de nombreuses espèces
comme les ronces, les chênes verts… Le pâturage ou la fauche sont les seuls moyens de
maintenir ces espaces ouverts.
Des escarpement rocheux, plus généralement appelés falaises sont présents sur
pratiquement tous les massifs de la plaine : sur la montagne
Saint-Jean, dans le bois de Quintanel, à Roquefourcade, sur le
Puech de Mar, sur le Cengle (falaise des Camisards). La plus
belle paroi, d’une bonne centaine de mètres de hauteur, est la
falaise du Pic de Midi.
Les falaises sont des milieux arides par excellence
mais non pas stériles. Certains végétaux, comme le Genévrier
de Phénicie Juniperus pheonicea, sont adaptés à la vie
rupestre et s’accrochent sur les parois et même sous les
surplombs ! Le Monticole bleu Monticola solitarius et l’Aigle
de Bonelli Hieraaetus fasciatus, trouvent là des conditions
favorables à leur nidification.
On trouve aussi des pierriers très
étendus comme la mer de rochers à Sauve
avec très peu de végétation compte tenu
de l’absence de sol. Ce type de milieu se
rencontre également au Nord du Trou
fumant. Des pierriers moins étendus sont
aussi disséminés un peu partout dans la
plaine.
Le Bois de Monnier et la Forêt de
Coutach sont composés presque
entièrement de cailloutis et de lapiaz très
fissurés sur lesquels ont réussi à se développer les
Chênes verts.
L’érosion par ruissellement des eaux de pluie a façonné
dans les terrains marneux d’impressionnants canyons. Ces
vallons, à sol décapé et meuble, sont complètement desséchés
en été et gorgés d’eau en hiver ; leurs fonds sont le plus
souvent recouverts de bancs de galets pratiquement pas
végétalisés. Les talwegs les plus grands sont ceux qui entaillent
le versant du Causse de l’Hortus bordant le Sud de la plaine,
notamment au niveau du Mont Redon (100 mètres de
dénivelé), ainsi que le versant Ouest de la Montagne Saint-
Jean.
Dans ces zones de marnes pratiquement imperméables,
l’eau ruisselle et met à jour des dalles calcaires, aménageant
des ruisseaux en escalier (ruisseaux de Rieu Massel, de la
Fousse et de Groussanne). La végétation s’y accroche tant bien
que mal du fait d’une grande instabilité et de fluctuations
hydriques extrêmes.
C’est le domaine de prédilection du Pin d’Alep et du Romarin. Les pentes ensoleillées
pourvues de pierres plates constituent aussi l’habitat typique du Scorpion languedocien
Buthus occitanus.
La source de La Fousse,
magnifique résurgence karstique,
coule toute l’année et présente une
eau limpide et fraîche qui permet à
une flore submontagnarde et
forestière de s’établir sur le versant
Nord périphérique.
A la résurgence de la
Fontaine des Oules à Sauve, on peut
observer un poisson méditerranéen
emblématique : le Barbeau
méridional Barbus meridionalis.
Au niveau du gué la
Réclause, à Pompignan, on trouve une superbe vasque dans laquelle la présence de l’eau est
permanente (en amont et en aval, l’eau circule dans le sol en été). Cette vasque accueille
plusieurs espèces de poissons : le Chevaine Leuciscus cephalus et le Blageon Telestes souffia
mais il y a également des Vairons Phoxinus phoxinus, dont la présence témoigne de la
fraîcheur et de la bonne qualité de l’eau durant toute l’année. La Réclause constitue un lieu
frais et agréable lors des chaudes journées d’été grâce à sa jolie ripisylve, c’est aussi un
endroit prisé par les enfants qui viennent s’y baigner.
On rencontre aussi de nombreuses mares ou lavognes (une cinquantaine) avec une
biocénose (ensemble des espèces qui occupent un habitat) caractéristique. Elles sont, pour la
majorité, asséchées en été : on les appelle des « mares temporaires ». Ce sont des milieux
singuliers à cycle hydrologique irrégulier, qui leur confère une dynamique particulière. Ainsi,
une mare, asséchée plusieurs mois durant, voit la vie reprendre lors de la remise en eau, après
les pluies. Certaines espèces, comme les Crustacés Branchiopodes, vivent dans ce lieu car leur
cycle de vie nécessite une (ou plusieurs) phase(s) d’assec. Ces animaux pondent des oeufs
spéciaux, capable de résister à des sécheresses de plusieurs années !
Les lavognes ne sont pas des mares
naturelles : elles ont été creusées et parfois
maçonnées par l’homme. Elles avaient été conçues
pour faire boire les troupeaux et, au fil du temps,
plantes et animaux les ont colonisées. Ces mares
artificielles, selon leur position topographique, ont
aujourd’hui un fonctionnement écologique très
similaire aux mares naturelles.
De façon générale, les mares temporaires
occupent des dépressions qui ne sont pas reliées
aux cours d’eau (dépressions endoréiques). Elles
sont alimentées directement par les eaux de pluies et indirectement par le ruissellement du
bassin versant et parfois par l’affleurement de la nappe phréatique (nappe la plus
superficielle). Elles sont soumises à des périodes de submersion suffisamment longues pour y
permettre le développement d’une végétation aquatique.
La grande variabilité temporelle des conditions qui y règnent est le trait le plus
remarquable de leur écologie. En effet, lors des submersions, l’eau présente une faible salinité
puis lors des périodes sèches, l’évaporation de l’eau entraîne une concentration des sels
dissous, il en va de même pour les températures et l’hydrographie. En conséquence de cette
grande variabilité, les espèces se sont adaptées. La flore y a développé des propriétés
remarquables pour survivre : variétés de taille, de formes de croissance, de mode de
reproduction, de stratégies de vie.
Les communautés végétales sont largement dominées par les plantes herbacées et sont
organisées face à l’alternance immersion/assec : végétation aquatique en période de
submersion, amphibie en période transitoire puis terrestre pendant l’assèchement estival. Ceci
engendre une disposition des formations végétales en ceintures concentriques ou parallèles
sur les bords des mares, due aux gradients écologiques qui y règnent.
Ces mares hébergent une diversité biologique d’une grande valeur tant d’un point de
vue floristique que faunistique. Les espèces rares y sont nombreuses et beaucoup ont des
modes de vie originaux. Malheureusement, ces habitats sont devenus rares en dehors de la
plaine et sont menacés de disparition.
Une autre menace, plus inhabituelle pour ces zones humides, est la mise en eau
permanente à l’aide d’une citerne. Ceci ayant un but principalement cynégétique (aider le
gibier à passer la saison sèche). Les nuisances engendrées par cette mise en eau permanente
sont la disparition d’un grand nombre d’espèces végétales adaptées, comme nous l’avons vu
précédemment, à la variabilité du niveau d’eau. A l’inverse, cela favorise la présence
d’espèces colonisatrices comme les Grenouilles rieuses Rana ridibunda qui, par leur
prédation, engendre peu à peu une banalisation du site. On rencontre ce problème sur
certaines mares de la commune de Conqueyrac. La plupart du temps, les gens responsables de
ces apports d’eau n’ont malheureusement pas conscience des dégâts engendrés.
Nous avons vu que les roches qui composent la plaine sont de type calcaire, et ceci a
une répercution directe sur le modèle de mare que l’on y rencontre. En effet, les mares sur
substrat carbonaté sont des eaux plus riches en nutriments, qui favorisent le développement de
nombreuses plantes aquatiques à feuilles linéaires.
La faune des mares est constituée d’espèces qui présentent différents degrés de
dépendance aux milieux aquatiques temporaires. Certaines sont caractéristiques de ces
milieux provisoirement en eaux tandis que d’autres sont également abondants dans les
milieux aquatiques permanents. Les espèces les plus caractéristiques des milieux à
submersion temporaire ont un cycle de vie comportant deux phases essentielles, l’une
aquatique et l’autre terrestre, comme pour les amphibiens, ou un stade larvaire aquatique et un
stade adulte aérien, comme pour les libellules ou les moustiques.
Les amphibiens sont donc très bien adaptés aux mares temporaires mais encore faut-il
que la période de ponte soit bien réglée par rapport aux fluctuations du niveau de la mare et
qu’elle ne soit pas trop précoce pour ne pas mourir de froid !
Parmi les amphibiens bien représentés dans la plaine et typiques de ces milieux on
rencontre le Pélodyte ponctué Pelodytes punctatus qui pond ses oeufs en février afin que la
métamorphose des têtards puisse s’achever avant le desséchement de la mare. Le Pélobate
cultripède Pelobates cultripes plus rare, mais bien présent dans la lavogne de Boissière et
dans celle proche de l’église de Conqueyrac, pond également en hiver. Les gros têtards qu’il
engendre entament leur métamorphose dès la mi-mars et se transforment en crapauds au début
de l’été. Une fois la mare asséchée, il pourra s’enterrer dans un terrier vertical d’environ 20
cm pour se protéger de la chaleur et de la sécheresse à l’aide de « couteaux » qu’il possède au
niveau de ses pattes postérieurs. On rencontre également le Crapaud calamite Bufo calamita,
le Crapaud commun Bufo bufo, la commune Rainette méridionale Hyla meridionalis, à qui
l’on doit les concerts assourdissants de croassements au cours des nuits chaudes.
Dans presque tous les points d’eau, on peut trouver le Triton palmé Triturus helveticus
et parfois le splendide Triton marbré Triturus marmoratus, qui honore de sa présence les
mares peu perturbées.
L’agriculture est assez développée dans la plaine : vigne et céréales surtout, quelques
vergers en complément. On rencontre certaines zones abandonnées, retournant
progressivement à l’état de friche, premier pas vers la garrigue arbustive et la forêt
méditerranéenne. Inversement, quelques zones ont été récemment gagnées sur la forêt,
notamment entre Pompignan et Saint-Hippolyte-du-Fort. Ces habitats constituent aussi des
lieux d’accueil pour la faune et la flore sauvage, tant que la pratique culturale n’est pas trop
intensive (notamment en ce qui concerne les produit phytosanitaires et les engrais).
Certaines espèces animales vivent presque exclusivement dans les lieux habités par
l’homme : ce sont les espèces « anthropophiles ». Parmi les oiseaux, c’est le cas des
moineaux, de la Tourterelle turque Streptopelia decaocto, du Martinet noir Apus apus, des
Hirondelles rustique Hirundo rustica et de fenêtre Delichon urbica, du Rougequeue noir
Phoenicurus ochruros, de la Huppe fasciée Upupa epops et du Petit-duc scops Otus scops qui
nichent dans les cavités laissées dans les constructions et les surplombs des toits.
Quelques mammifères apprécient les maisons, comme la Souris domestique Mus
musculus.
Cette page fait partie d’une série de 6 articles intitulés extraits du document "La plaine de Pompignan : inventaire naturaliste " :