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La tour de Montredon : situation dans l’histoire

jeudi 28 août 2008, par Fernandez cécile

 Histoire des Tours à signaux

Il existe bien des synonymes au terme de « tour à signaux » : Castra, Turies, farots, tour de
guet, tour de surveillance, vigies, elles sont même parfois désignées comme donjon, comme c’est le
cas pour la Tour de Montredon dans le Dictionnaire des châteaux et fortifications au Moyen-âge de
Charles-Laurent Salch. Quoi qu’il en soit, elles furent construites et utilisées dès l’Antiquité.
Durant la période Carolingienne, des tours romaines et wisigothiques furent remployées alors
que d’autres furent construites en bois, afin de constituer un réseau uniforme, et suffisamment
dense pour être efficace. Cela se comprend aisément, d’autant que nous savons que le territoire
carolingien, était en proie à des attaques incessantes, entre autres vikings et sarrasines5.
Après l’an mil, à la suite de l’apparition de seigneuries, nombreux seigneurs affirmèrent
l’importance de ces tours, faisant construire et entretenir une multitude de ces édifices. Celles-ci
dont le centre du réseau était le château du seigneur, servaient à les prévenir des attaques des
seigneurs voisins et, en ultime recourt, elles pouvaient également servir de siège de
commandement. Certes l’utilisation défensive des tours n’est pas négligeable, mais c’est l’aspect
symbolique qui est le plus manifeste. En effet, elles signifiaient aux envahisseurs potentiels que la
terre appartenait à un seigneur dont elle était la démonstration ostentatoire de sa puissance, de
même qu’elle rappelait aux paysans le rôle de leur seigneur, et par là même, les devoirs qu’ils
avaient envers lui6.
En Languedoc-roussillon, une période de construction de ces tours et non la moindre, n’est
autre que la période des rois de Majorque et d’Aragon. Le réseau se densifia encore. En 1358, une
ordonnance « de Monseigneur le vicomte de Narbonne, sur la manière de faire les phares de jour et
de nuit aux lieux qui apparaîtront nécessaires pour la sécurité contre les ennemis ». Il incitait à
alterner tours et lieux élevés sans aménagement particulier pour la fonction de « phare », c’est-àdire
signaux optiques.
Durant les siècles suivants, les tours à signaux perdirent leur fonction militaire au profit d’une
fonction économique, ou tout simplement pour marquer une frontière.
A la fin du XVIIIe siècle, une partie sombre de l’histoire des Cévennes, que l’on appela « La
guerre des Tours » emporta avec elle bien des vestiges de l’époque féodale. Il s’agissait d’un
soulèvement populaire à la suite de la révolution qui s’insurgeait contre un potentiel retour à la
monarchie soutenue par un certain nombre d’aristocrates. A ce moment, les tours à signaux,
symbole du pouvoir seigneurial furent détruites par les insurgés.
Entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe, les réseaux de tours furent remployés lors de la mise
en place du télégraphe de Chappe7. De 1793 à 1799, un premier réseau se mit en place dans le nord
de la France. De 1799 à 1815 le réseau s’élargit reliant Paris à Lyon. De 1815 à 1830, les villes de
Bayonne et Marseille furent à leur tour intégrée au réseau puis de 1830 à 1850 les dernières lignes
furent ajoutées, notamment celle de Montpellier. De 1850 à 1854, ces lignes furent remplacées par
le télégraphe électrique.

 Histoire de la Tour de Montredon

L’histoire de la Tour de Montredon est intimement liée à celle des comtes de Melgueil, puisque
dès le premier acte attestant de l’existence de Grabels, daté du 14 janvier 1120, il est question pour
le comte de Melgueil Bernard IV de faire don de la paroisse de Grabels à son épouse Guillemette,
fille du seigneur de Montpellier8. Notons que Combaillaux faisait parti de la paroisse de Grabels et
ce jusqu’au XVIIe siècle. En 1172, Ermessinde Pelet, petite fille de Bernard IV, épouse Raymond VI
Comte de Toulouse auquel elle apporte le Comté de Mauguio. Un peut plus tard, à l’occasion de la
croisade des Albigeois (1208-1229) qui sévit dans le midi, le Pape Innocent III confisqua le Comté
de Mauguio qu’il inféoda à l’évêque de Maguelone, afin de punir Raymond VI défenseur de l’hérésie
Cathare.
C’est à cette période que fut construite la Tour de Montredon. Un acte du 25 novembre 1222
nous indique que la paroisse de Grabels était inféodée par Bernard de Mèze, évêque de Maguelone,
Comte de Melgueil et de Montferrand, au chevalier Bernard de Vailhauques qui avait pour charge
d’y faire construire un poste fortifié9.
Un conflit éclata entre le vestiaire Bernard de Durfort, qui détenait de l’évêque, la basse et
moyenne justice dans Grabels, et Bernard de Vailhauques. Ce conflit fut réglé par la transaction du 6
novembre 1285 selon laquelle la juridiction est indivise entre les deux hommes. En ce qui concerne
le Puech de Montredon et sa tour, ils relevaient directement de l’évêque de Maguelone, qui était
également Comte de Melgueil et de Montferrand, comme le furent les évêques de Montpellier après
le transfert du siège jusqu’à la révolution.
Il fallut attendre 1747 que Louis de Solas rachète les biens des seigneurs laïcs de Grabels puis en
1755 la haute, moyenne et basse justice de l’évêque pour que la tour de Montredon cesse de
dépendre de l’évêque, Comte de Melgueil et de Montferrand10.
La tour cessa d’être utilisée avec l’arrivée du télégraphe de Chappe, dans le second quart du
XIXe siècle.

P.-S.

Ce texte est extrait du mémoire LPAATR "la tour de Montredon" : présenté ici.
Ainsi que les articles :

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