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mercredi 25 novembre 2009, par ,
L’église de Saint-Nazaire et Saint-Celse de Brissac a succédé à un temple, voué à une déesse des eaux, si l’on en juge par les deux colonnes de marbre réemployées pour la séparation des trois arcades du portail monumental et par les très nombreuses sources qui y jaillissent au pied de la Séranne. La plus abondante est sans conteste la résurgence vauclusienne de l’Avèze.
La paroisse n’est-elle pas joliment nommée S. Nazari de Centum Fontibus / Saint-Nazaire aux Cent Fontaines dans un acte du cartulaire de Maguelone daté de 1270 ? Cette débauche d’eau a certainement attiré les Bénédictins d’Aniane, dès le début du Ixe siècle, car le site ressemble beaucoup à celui du monastère qu’ils ont fondé à Goudargues à cette époque-là.
En 1073, un des premiers textes du même cartulaire cite lo moli veia / le moulin vieux, avec ses meules, ses paissières et ses béals, ce qui situe la construction avant l’an 1000. Ce même acte permet de faire remonter l’église au troisième quart du XIe siècle, car il est passé in stari claustri ecclesiae / dans la maison de l’enceinte de l’église. Cette mention atteste que le comlexe monastique était alors terminé.
Cette datation est corroborée par la coïncidence de plusieurs marqueurs de la deuxième moitié du XIe siècle : arcs de tracé lombard au portail, baie cruciforme au mur triomphal, chapiteau archaïsant orné d’un oiseau aux ailes déployées qui est la réplique d’un chapiteau de la crypte de Cruas, autre fondation anianaise.
Source : "Eglises Romanes Oubliées du Languedoc" par Pierre Albert Clément, 1989.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.