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samedi 21 août 2004, par
Il y’a quelques temps, je vous avais parlé de ces merveilleux oiseaux qui fréquentent notre secteur du Pic, cette fois-ci, je voudrais vous parler de "l’Euscorpius flavicaudis" mais également et surtout du "Buthus occitanus", ou en français : du scorpion noir et jaune, brrrr, déjà rien que le nom nous procure un frisson...
L’histoire s’est déroulée ces derniers temps... Mon envie était grande d’aller à la rencontre du scorpion jaune. Me voici donc bardé de mon appareil photo et de ses accessoires, et en route pour les collines du secteur de Notre-Dame-De-Londres. Pourquoi cet endroit me direz-vous ? Tout simplement car j’y suis le facteur et que je commence à bien connaître ce secteur...
Ils sont nombreux, les scorpions à Notre Dame et alentours ! On en distingue 2 sortes : le noir et le jaune ! D’ailleurs celui-ci a une piqûre plus dangereuse, parait-il, que le noir. En tous les cas, il est aussi plus volumineux.
Le noir, nous le trouverons dans les murs, dans les fissures des maisons et au bureau de poste de Saint Martin De Londres !
Pour l’anecdote, sachez que celui-ci (le noir) vient de mon bureau où je travaille. Il était planqué au beau milieu des colis postaux ! Après les images, j’ai ramené le bestiau à mon lieu de travail, en prenant soin de le replacer à l’extérieur : dans un muret de pierres séches...
Le jaune lui se trouve en garrigue : sous les pierres. Il n’est pas utile de les soulever toutes car, en regardant bien, on apercevra devant celle-ci comme un petit endroit "propret", un peu comme font les grillons, vous savez...
(Un entomologiste me disait récemment au sujet des scorpions : Grosses pinces= Venin plus "leger", et petites pinces= Venin plus "puissant" Et le jaune justement, à de toutes petites pinces...
Nous partîmes de bonne heure (moi et mon épouse) et notre fidéle "Junior" à la recherche du "grand scorpion jaune" Nous passâmes le village de Notre-Dame encore tout endormi. Et, en route pour les collines qui surplombent le petit village. Arrivés au bout de la petite route, nous laissâmes notre véhicule pour continuer à pied... Le soleil commençait à lécher le haut de la colline. Encore une belle journée me dis-je. Il allait faire beau et chaud. Le petit sentier nous amena rapidement à une petite source d’où s’échappait un filet d’eau. Je remarquais dans la petite ouverture faite de pierres sèches, une jolie toile. Et au centre une belle araignée. Au retour pensais-je, le soleil de ses rayons l’éclairera... Deux chardonnerets, sûrement dérangés par notre arrivée et par celle de notre chien, s’envolèrent bruyamment. La source passée, le sentier se mit a grimper. Le sol était devenu tout à coup aride et sec, parsemé de rocailles et de touffes de thym. Il était temps pour nous de regarder plus en détail les pierres afin de déceler le petit rond propre qui trahirait la présence du "grand jaune". Ici ! Criai je, à l’attention de mon épouse : Il doit y être ! Je soulevais délicatement la pierre et nous l’aperçûmes. Celui-ci, à la vue de la lumière, se recroquevilla sur place. Je demandais à Nicole de me tenir la pierre afin que je puisse le photographier. Ce qu’elle fit, non sans esquisser une grimace... Tu ne penses pas qu’il pourrait me piquer ? Non non, tiens moi la pierre ! J’avais troqué mon télé de 300 contre mon 100 macro. Tout en sachant que par manque de lumière j’aurais sûrement "du bougé". Mon flash étant resté ce jour-là à la maison...
Celui ci, à la vue de la lumière, se recroquevilla... Je replaçais délicatement la pierre afin de ne pas le blesser. Et nous continuâmes le sentier...Notre chien s’en donnait à cœur joie, gambadant et humant les odeurs de la nuit. Un cri strident me fit lever la tête. Dans le creux du vallon, une buse venait de s’envoler, ses yeux encore plein de sommeil. Petit à petit, au fur et à mesure qu’il montait, le soleil descendait la pente à notre rencontre. J’aperçus une autre belle pierre avec une entrée bien propre... Lentement je la soulevais. Sans me douter du spectacle qui m’attendais en dessous ! Nous vîmes d’abord comme une masse blanchâtre et gélatineuse...
C’est quoi ce machin me demanda Nicole ?! Très vite j’aperçus une belle femelle scorpion recouverte de ses petits. Tous très blancs, (environ une dizaine), et tous translucides. La maman avait élu domicile sous cette pierre. D’un geste de la main, j’écartais mon chien qui s’était rapproché pour voir la scène de plus près. On ne sait jamais... Mince, regarde-moi ça ! Vite tiens-moi la pierre ! Mais non, tu ne risques rien ! Regardes comme ils sont marrants, avec leurs petits yeux noirs...
C’est quoi ce machin me demanda Nicole ?!
Les photos prises, nous remettons la grosse pierre en place. Le sentier maintenant s’enfonçait dans les pins. En route vers le "Piérrédon" ! Bientôt le soleil nous rattrapa. Quelques cigales commençaient à chanter. Comme celle-ci avec ses grands yeux étonnés !
Au fond du vallon, nous entendîmes les premiers cris roulés des guêpiers. Ah, les guêpiers... S’ils n’existaient pas, je les inventerais ! La colline semblait s’éveiller. Avec ma compagne, nos regards se croisèrent. Nous étions bien. Je levais la tête ; un arc-en-ciel passa par dessus nous, tel une bénédiction...
Nos pieds foulaient maintenant une espèce de grande dalle rocheuse. Je m’approchais du bord prudemment. J’entendis Nicole rappeler notre chien à ses pieds... Fais attention me cria-t-elle ! J’avançais prudemment. Quelques genévriers me cachaient encore la vue mais bientôt un superbe panorama s’étendit à mes pieds. Toute la plaine de Londres baignait dans une lumière magique, presque charnelle
Ce fut comme une grande gifle que je pris en pleine figure ! Mon épouse m’avait rejoint... Le Pic Saint Loup se dressait à notre gauche toujours aussi majestueux. Et face nous le village de Notre Dame s’éveillait. Des bruits montaient à nos oreilles et des senteurs de thym à nos narines. Comment vous expliquer ? Mais cela ne s’explique pas ! Cela se vit ! Alors je décidais, ou plutôt j’essayais d’immortaliser ce moment. C’était trop beau ! (L’image ci dessous, vu sa petitesse, reflète mal la réalité du moment...)
Combien de temps nous restâmes là à contempler ? Je ne sais. Mais un bon moment ! Ce fut la chaleur qui nous incita à redescendre tout en nous promettant de revenir... La descente s’effectua au milieu des papillons et des cigales, pendant que des grosses sauterelles giclaient à nos pieds. Plusieurs fois je soulevais des pierres. Juste pour voir si le "grand jaune" était là...
Texte et images de christian Segonne. Copyright août 2004