Accueil > Viols en Laval > L’abbaye de Calage
samedi 21 août 2004, par
C’est ainsi que l’on désigne un ensemble de bâtiments, en grande partie en ruines, qui se trouve sur la commune de Viols en Laval, en pleine garrigue, entre la route départementale N° 986 de Montpellier à Ganges et la D 127 qui va de Viols le Fort vers Murles.
Il est possible d’y accéder à partir de Viols le Fort ou du Relais des Chênes sur la D 986, par un chemin qui serpente dans la garrigue, au milieu des rochers et où il est recommandé de rouler lentement pour ne pas rayer les carrosseries ou accrocher des rochers qui dépassent du chemin.
Ces ruines sont isolées en pleine garrigue sur un plateau légèrement surélevé.
Abbaye : cela n’est qu’une hypothèse, aucun document ne permet de l’affirmer. Peut-être ancienne demeure seigneuriale ou une simple ferme ?
Il faut préciser que Calage se trouvait en bordure de la
voie romaine qui venait de Nîmes, traversait le Vidourle à Sommières, empruntait la plaine de la Bénovie, Saint Mathieu de Tréviers, la face Nord du Pic Saint Loup, passait à Cazevieille, au Relais des Chênes et Calage, se dirigeait vers Viols le Fort, Puéchabon et Aniane pour se diviser et partir dans plusieurs directions ; Calage n’était donc pas aussi isolé qu’il apparaît maintenant. Pourquoi ne pas penser que, abbaye ou ferme, ces bâtiments offraient l’hospitalité, la nuit aux voyageurs empruntant cette voie de communication.
L’énigme est entière ; c’est le mystère le plus complet. Le seul document officiel et authentique connu est la mention faite dans le cartulaire de Maguelone d’un acte passé le 30 Septembre 1304, par devant Me Mornia, notaire
de l’évêché, par lequel Agnès de Grimevarde, veuve Guy de Pian, vassal de l’évêque de Maguelone, faisait hommage à ce dernier des Mas de Calage, Malpetrat, Peirecaves, situés à Saint Etienne de Viols (actuellement Viols le Fort). Calage était donc un mas faisant partie du patrimoine de l’évêque de Maguelone, mais rien ne précise son affectation.
Ce qui est certain, c’est que Calage a du être un habitat relativement important, dont il ne reste que des vestiges, qui permettent d’ailleurs de retrouver la trace d’époques différentes. Le tout était protégé par un mur d’enceinte. Le portail d’entrée est double : celui donnant sur l’extérieur a un arc en plein cintre alors que celui de l’intérieur est ogival, ce qui laisse supposer qu’entre les deux, il y avait une herse.
En parcourant ces ruines, on découvre d’anciens arcs romans, une meurtrière, une colonne sculptée, un blason. Un escalier orné de gracieuses fenêtres ogivales conduit aux pièces du 1er étage mais débouche à l’air libre : pas de
toiture. Le bâtiment le mieux conservé est celui qui jusqu’à ces derniers temps servait de bergerie, mais il a quasiment perdu toute sa toiture. Son architecture est très particulière. Quatre rangées d’arcades de hauteurs décroissantes suivent la pente du toit : c’est une véritable curiosité.
Nous avons gardé pour la fin le bâtiment sur lequel on se pose le plus de question : la tour. Cette tour carrée, ne présentait au début du siècle aucune ouverture ni à l’intérieur, ni à l’extérieur ; ce qui laisserait supposer que l’on ne pouvait y accéder que par le toit ou plutôt par un souterrain. A l’intérieur, les quatre faces sont garnies de niches en pierres taillées régulièrement. On en compte près de 1300. A part celles qui sont à hauteur d’homme, elles sont d’un accès difficile.
A quoi servaient ces niches ? Plusieurs hypothèses sont permises.
Pouvons-nous en déduire que Calage était un lieu Cathare ? Pourquoi pas ! Pour les cathares, le feu était un emblème de pureté, le soleil représentait la pureté même. C’est le
raison pour laquelle ils brûlaient les corps des défunts.
Les cendres étaient mises dans une urne, placées dans un lieu pur où seul un « Parfait » pouvait accéder.
La tour de Calage serait-elle le lieu de sépulture d’une communauté cathare ? C’est très possible.
En 1209, il y eut une période de coexistence pacifique entre les cathares et les catholiques. Le catharisme n’était pas encore entré dans la clandestinité. Mais en 1213, les Cathares ou albigeois furent battus par Simon de Montfort à Muret et cette communauté de Calage serait revenue au catholicisme.
Depuis de nombreuses années, des recherches ont été entreprises pour retrouver le soi-disant trésor des moines, mais sans résultat. II en
est de même pour la découverte du puits ou de la citerne, indispensables pour alimenter en eau cette importante communauté.
Nous avons vu que le mas de Calage était devenu propriété de l’évêque de Maguelone en 1304, qui à cette époque était aussi propriétaire du mas de Cambous. Comme à la fin du siècle dernier, Calage et Cambous appartenaient au même propriétaire, le Marquis de Turenne. On peut supposer que Calage a subi les mêmes changements successifs de propriétaires que Cambous, jusqu’à ces dernières années où les propriétaires sont devenus différents (voir N°10 de La Garrigue p. 10 et 11).
Si l’histoire de Calage est inconnue, ses ruines dans leur solitude austère et sauvage, au milieu de la garrigue, présentent un réel intérêt et l’on ne peut que manifester regret et indignation de voir la main de l’homme se faire la complice du temps pour précipiter la disparition de ces témoins de notre patrimoine archéologique.
Article de presse paru dans : La Garrigue entre la Séranne et le Pic Saint Loup n°14 - Septembre 1978. Auteur inconnu.
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