mercredi 23 avril 2003, par
C’est avec une curiosité bien justifiée que nous nous tournons vers cet homme dont l’image affleure au plus lointain et au plus secret de note histoire. Qu’il déboule au tournant d’un chemin et nous prenne à revers n’est pas la moindre des surprises. Inconnu hier, s’imposant aujourd’hui, il bouscule, provoque sans plus de ménagement, convaincu de son bon droit puisqu’il est là chez lui : sur ses terres et depuis tant et tant de siècles…
C’est un homme de belle stature, vigoureux, le regard volontaire, la barbe noire et drue, le visage buriné au soleil des ambitions. Un anneau brille à son bras, anneau de fer, anneau d’or ? Peu importe. Coiffé d’un casque, une armure légère, sans autre ornement que l’éclat nu du métal, protège sa poitrine. Une épée du plus bel ; acier cogne sa cuisse. Sous ses apparences militaires, cet homme de talent, fier de sa caste et de ses prérogatives, s’impose sur le territoire qui lui est imparti comme un intendant habile à gouverner, un politique énergique, un chef respectueux du code d’honneur, soucieux de cohésion et de paix.
Il n’est jamais à plus d’une journée des limites de ses terres et pour ce faire, veille avec un soin jaloux à l’entretien des chemins et des gués. Vrai qu’il aime parader sur son char que tire une paire de chevaux blancs. Inlassablement, il parcourt la pays, surveillant semis et cultures, s’intéressant au développement des jeunes vignes et des premières olivettes. Sa maison adossée à Couta est toute proche des entrepôts où sont stockés : huile, vin, céréales… Il sait que les marchands reviendront, qu’il les protégera, que les échanges se feront, qu’il en tirera bénéfice, que le pays vivra, entrant sans trop s’en douter dans ce qui allait devenir l’Histoire.
Conte inspiré du Guerrier de Corconne.