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mercredi 18 février 2009, par
Balade en boucle de 8 km, a 40 km au nord de Montpellier, au pied du massif de la Séranne dans des gorges sauvages et bucoliques parcourues par un superbe cours d’eau temporaire. Parcours champêtre facile. Départ de la balade à partir de la vallée de la Buèges dans le pittoresque village de Saint-Jean-de-Buèges.
Parmi les nombreux sites naturels des garrigues et des causses, il est une région discrète qui n’a rien à envier aux sites les plus courus. Située au pied de la montagne de la Séranne, grande échine calcaire qui barre l’horizon au nord de Montpellier, le pays de Buèges demeure un oasis exceptionnel pour qui sait quitter les sentiers battus des grands axes touristiques.
Etirée au sein d’une profonde dépression visible de nulle part, la verdoyante vallée qui marque ce pays, arrosée par une rivière issue du tréfonds des calcaires, surprend même les plus blasés. Rien en effet dans le paysage et à son approche ne permet d’en soupçonner l’ampleur ni même d’en deviner la présence.
Si, quelque vingt-cinq kilomètres au nord de Montpellier et après avoir traversé le village de Saint-Martin-de-Londres, l’on emprunte la magnifique petite route qui conduit vers les gorges de l’Hérault, on parviendra au village de Causse de la Celle. On aura auparavant franchi le petit hameau du Frouzet, contemplé le superbe panorama du « grand méandre » de l’Hérault puis traversé ce dernier en aval du barrage du Moulin de Bertrand.
Une petite côte anodine mais bien pentue vous conduira ensuite sur un vaste plateau calcaire au sein duquel trône le paisible village de Causse de la Celle. Oasis au centre d’une immensité de garrigues, ce village que l’on à l’habitude de traverser rapidement mérite bien une petite pause ne serait-ce que pour en découvrir ses quelques modestes ruelles. En le quittant, pour emprunter la petite route de Saint-Jean-de-Buèges laquelle traverse une des plus insolites régions du causse, la silhouette de la montagne de la Séranne apparaît. Telle une gigantesque barrière dressée face à soi, rien ne semble indiquer que cette chaîne de montagnes aux nombreux et agrestes sommets lacérés de ravins et d’éboulis croulants cache ses profondes racines dans une immense vallée. Ce n’est qu’à l’extrémité d’une longue ligne droite et d’un virage prononcé de la route que le spectacle qu’on est en droit d’espérer, mais dont on ignore la splendeur, apparaît. Subitement,
comme par enchantement, et à la faveur d’une de ses déclivités naturelles, le causse de la Celle ouvre une fenêtre vers ce pays de Buèges dans la direction de laquelle la route s’infléchit. Les hautes murailles de la Séranne, de plus en plus impressionnantes, dévoilent à leur pied le long sillon verdoyant d’un pays fièrement dominé par deux de ces belvédères les plus pittoresques que sont le Peyre Martine et le Roc du Midi.
L’enchantement est tel que l’on est vite saisi par l’immensité théâtrale du spectacle qui s’offre désormais dans son entièreté. En stoppant quelques instants son véhicule au bord de la route, à la faveur d’un virage prononcé, on pourra contempler un panorama à 180 degrés qui nous dévoilera en son centre et dans un écrin de falaises altières, le petit village de Saint-Jean-de-Buèges. Ensuite, on poursuivra son chemin en désescaladant tranquillement le versant dont la route épouse les nombreuses sinuosités.
Arrivés au bas de la vallée, en vue des premières maisons du village et de son château dominateur flanqué sur un rocher, un pont permet de traverser la rivière Buèges dont la source est une pure merveille de beauté et de fraîcheur. Nous n’irons pas vers cette dernière car elle se trouve quelques kilomètres en amont. Nous nous engagerons plutôt dans le village de Saint-Jean-de-Buèges. D’emblée, une ruelle dans laquelle il faut se faufiler, et qui en fait en est l’artère principale, permet de découvrir de hautes et vieilles maisons typiquement méridionales. D’apparence, le soleil qui avec force inonde au plus fort toute la vallée semble ne point atteindre ces bâtisses à l’aspect humide. Mais que l’on
ne s’y méprenne, leur architecture traversante leur permet de trouver ce dernier sur l’autre côté, où souvent un petit jardin les agrémente.
Un autre petit pont, qui traverse le timide mais capricieux ruisseau du Garrel, et nous voici sur une belle place ombragée par de superbes platanes centenaires. Ces arbres magnifiques qui prodiguent une ombre providentielle sur les lieux et où l’on trouve la terrasse agréable d’un café, sont uniques. Hauts de plus de quarante mètres, et de plus de trois mètres de circonférence, ils se classent parmi les plus beaux spécimens du Sud de la France. On gagnera à s’arrêter quelques moments dans leur giron non seulement pour profiter de leur ombrage mais aussi pour contempler à travers leurs branches tentaculaires les vestiges du château médiéval.
Le but de notre découverte n’étant pas de visiter le village en détail, ce que nous ferons dans une autre balade, mais de poursuivre cette dernière à pied si le cœur vous en dit vers les superbes gorges toutes proches. La rivière que nous avons traversée en entrant dans le village, en franchissant le pont routier, et qui ignore au passage le village en l’évitant par l’est, a entaillé au cours des millénaires une partie du
causse de la Celle. Le grand rocher de Trascastel, qui arbore son altière falaise au-dessus du château, n’est en fait qu’un morceau de causse, que la Buèges a isolé de son attache, lors de sa course folle érosive dans le calcaire. Pour ce faire, tout en creusant son lit et en s’affranchissant des difficultés géologiques, cette rivière, ou son ancêtre, s’est progressivement creusé une gorge, sorte de défilé sauvage que nous allons parcourir et découvrir.
Elle n’a rien à voir avec la vallée de la Buèges, cette grande vallée dans laquelle nous nous trouvons, et au sein de laquelle sont installés les villages de Pégairolles-de-Buèges, de Saint-Jean-de-Buèges ainsi que de nombreux hameaux (les Prats, La Gipière, Montels…). La formation géologique des gorges quant à elles, au lieu d’être liée directement à la tectonique, c’est-à-dire à des mouvement de terrains de grande ampleur, est ici dû en grande partie à l’action de l’eau.
A partir du village (voir détails de la balade), la gorge très large et occupée par quelques habitations dérive les eaux claires et limpides de la Buèges en direction du rocher de Trascastel, qu’elles évite par un coude brusque. Cette sinuosité naturelle provoquée par l’impossibilité de cette dernière à creuser de plein front la butte du Caussounel, composée de strates calcaires très dures et imperméables, et de le traverser, lui ont permis par contre d’entailler le causse de la Celle. Sur plus de 250 mètres de hauteur, des éboulis résultant de quelques falaises croulantes glissent sur des versants, qu’elle s’est lentement efforcé de régler à son profil. Le cours de la Buèges, qui au fur et à
mesure des millénaires s’est enfoncé dans la gorge, ainsi que son débit, s’est à tel point réduit, que le timide cours d’eau que l’on découvre aujourd’hui n’a rien de comparable avec la large rivière qui, il y a quelques millions d’années a commencé l’immense travail de façonnement des gorges. Un travail de sape, commencé au début des glaciations quaternaires, et qui de-ci de-là à laissé quelques témoins d’anciennes moraines sur les pentes du causse. Conséquence de l’évolution du réseau hydrographique principal représenté par l’Hérault, fleuve vers lequel se faufilent les gorges et qui de nos jours commande toujours cette action érosive, la Buèges reste l’un de ses principaux affluents.
L’entrée dans les gorges proprement dites se fait quelques centaines de mètres après le village de Saint-Jean. Nous quittons donc la grande vallée de la Buèges dominée par le massif de la Séranne pour emprunter un défilé sauvage qui s’écarte de cette dernière pour rejoindre la vallée de l’Hérault.
Un bon chemin, doublé par un petit sentier longe les berges. Ce dernier court aussi bien sur la rive gauche que sur la rive droite, à tel point qu’il est possible d’aller vers le pont de Vareilles, de traverser (par un gué) ce dernier et de revenir par l’autre rive.
Une belle balade bucolique, indispensable à effectuer en période de hautes eaux (septembre – novembre) qui vous fera découvrir par une belle journée ensoleillée et le long d’un parcours insolite, l’étrangeté
d’un superbe cours d’eau que rien ne permet de comparer aux autres bien nombreux de la région. Si votre curiosité vous amène à jeter de temps en temps un coup d’œil (ce qui est recommandé) à travers la végétation abondante qui arbore ses berges, vous ne manquerez pas d’y observer des merveilles. D’abord, c’est son eau limpide bleu turquoise qui vous étonnera. L’explication est en due au fait que sa source, distante de 8 km, et qui prend naissance au pied de la montagne de la Séranne prés du petit hameau du Méjanel, est issue d’une résurgence. Une belle source qui apparaît tranquillement à l’air libre dans une luxuriante vasque, après avoir voyagé au sein d’un immense réseau souterrain de plusieurs dizaines de kilomètres. Cette source, située au pied du Peyre Martine, un des points culminant de la Séranne, est à elle seule une des plus étonnantes curiosités de la vallée, que nous aurons l’occasion lors d’un prochain article de présenter dans son environnement.
Cet article est est suivi de l’article Les Gorges de la Buèges (2/2)
Publication Initiale : Gazette Economique du Languedoc" n° 10 (1360-61)