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dimanche 10 juin 2012, par
Histoire de la maison Vincent, fils du Baille de Saint-Mathieu-de-Tréviez
Nous l’appellerons de ce nom qui fut celui de la famille des principaux propriétaires du 19eme siècle. En fait la première propriétaire authentifiée par un document officiel fut : Demoiselle Catherine PLAGNOL. Elle vécut à la fin du dix huitième siècle à Vendargues, étant de son état une jeune bourgeoise issue d’une riche famille de notables.
Le document qui l’identifie est le compoix de 1766, sorte de cadastre foncier sans cartes qui servait à calculer l’impôt foncier de l’époque, la Taille royale. Sur ce compoix sous le nom de la propriétaire : Damoiselle Catherine Plagnol, on trouve la description d’une maison que la Brevette qui suit, décrit et positionne dans ses confronts par rapport aux rues et autres propriétés. Il ne fait aucun doute que cette maison fut la future maison Vincent.
Catherine Plagnol était la fille de Jean Plagnol et de Jeanne Bonfil. Son père était originaire du Causse-de-la-Selle petit hameau derrière le Pic Saint Loup. Sa Mère était la descendante d’une famille de notables qui ont donné à Vendargues des Consuls et Bailles tout au long de l’ancien régime Le premier Bonfil identifié sur un acte de 1545 était déjà conseiller et consul de Vendargues. Sa mère décédait le 24 octobre 1753, c’est pour cela que sur le compoix de 1766 c’est sa fille Catherine qui est la propriétaire, étant la seule survivante des six enfants de la famille. Cela explique quelle est la plus riche du village, la troisième en surface de terres cultivables, derrière le chanoine Causse et le Marquis de Castries.
Catherine, née Plagnol, se mariait le 4 juin 1763 avec Jean Félix Vincent originaire de Saint-Mathieu-de-Tréviez ou son père est Baille du village. Il était né à la métairie de Cecellès au pied du Pic Saint Loup.
Sa descendance va habiter la maison qui au départ était constituée d’une salle commune avec chambres à l’étage, un sellier, une écurie attenante avec sa paillère pour le foin, une jasse (bergerie) pour le troupeau de moutons, un poulailler ou gallinier, une basse cour et une cour qui entoure la maison, il n’est pas noté de puits mais ils n’étaient pas toujours noté sur le compoix. Cette maison (on peut dire une ferme) était presque isolée du village entièrement entourée de champs et de jardins.
Petit à petit suivant les héritages et les successions partages, la maison sera partagée et les bénéficiaires transformeront leur partie pour la rendre habitables. C’est ainsi que de nos jours on identifie la partie sud-est qui est habité par les Pigeaire (Ruiz) et la partie opposée donnant sur la rue du général Berthézène devenue un cabinet de dentiste. C’est par Mme Louise Vincent veuve de M. Vézian, médecin de Castries, que Mme Pigeaire, sa filleule, héritait de cette partie. L’autre partie fut propriété des Seneaux qui en sont devenu propriétaires par un long chemin d’héritages passant par les Bompar, par les Hérail, le tout venant au départ des Vincent arrière petits fils de Catherine Plagnol.
Pour l’instant rien ne me permet de donner une date à la construction de cette maison. Il semblerait qu’une partie soit du début du 16eme siècle Les voûtes à nervures pour ce type de maison sont, à Vendargues, datées de 1508 par des inscriptions sur la clef de voûte. De toute façon, il est certain que ces maisons ont subi de très nombreuses transformations depuis ce temps et il est maintenant difficile de les dater.
Cette maison par son aspect externe, ses fenêtres à meneaux, ses murs appareillés en cairons de Castries est bien dans le style des maisons de l’ancien régime. Sans savoir s’ils habitaient déjà cette maison, les Bonfilh riches métayers étaient rentiers sur Vendargues et Meyrargues des biens fonciers des filles Marthe et Gillette d’Andréa, une riche famille de Montpellier au début du 16ème siècle sous la Renaissance.
Richard POUGET (Vendargues, l’Histoire oubliée)
(Annexe) Foncier de Catherine Plagnol en 1766
(Femme de Jean Vincent)
(compoix et brevette de 1766)
Premièrement une maison, sellier, cour, cazeaux, écurie, paillère, poulailler, jasse et jardin, au camp de l’amellier. (amellier = amandier. Actuellement, la rue de l’amandier).
confronte du levant Soy mème et Fulcrand Itier dit Nicot, couchant la rue qui va de la croix de la Mission à la place publique de vingt huit pans de largeur, du vent droit autre rue de dix huit pans de largeur, du midy encore soy mème.
La maison contient quarante sept cannes deux pans, l’écurie et paillère trente six cannes six pans, la jasse trente une cannes, le jardin huit dextres.
Estimée la maison six cent trente livres, l’écurie et paillère trois cent livres six sols huit deniers, la bassecour cent quatre livres treize sols quatre deniers, le jardin à raison de trois cent livres la séterée les cazeaux quarante huit livres, le volailler trois livres six sols huit deniers, toute distraction faite alivré deux livres quinze sols six deniers obole pinte un cinquième. 2£-15s-6 d ob pint
Cazeaux : bâtiments agricoles rustiques, vient de cazal : bâtiment en ruine
Sellier : local ou l’on entrepose les tonneaux de vin, les réserves de grains, les jarres d’huile d’olive ainsi que l’harnachement de cuir des animaux de trait ou la selle pour la monte.
Paillère : grange ou grenier, le local ou l’on entasse le foin et la paille.
Poulailler : volailler, le local ou dorment les poules.
Jasse : bergerie, le local ou on loge les moutons
Vent droit = Nord
Levant = Est
Midy= Sud
Couchant=Ouest
Les superficies en sétérées (orthographié sesterées sur le compoix), quartons et dextres.
La sétérée ou sesterée est la surface de terre qu’on peut ensemencer avec 1 sétier de blé (48,92 litres) elle vaut à Vendargues comme dans les villages voisins 19,9953 are. Le quarton vaut le quart de la sestérée soit 4,985 ares.
La destre vaut le centième de la sesterée soit 0,1994 ares.
Il faut savoir que sous l’ancien régime, les mesures variaient d’un village à l’autre.
Sur le compoix, la canne carrée est dite composée de 64 pans, soit 8 pans sur 8 pans. Le pan valait 24,84 centimètres, La canne de 8 pans valait 1,9872 mètre. La surface d’une canne carrée devait donc valoir 3,95 m².
La partie habitée de cette maison occupait l’équivalent de 100 m² de surface au sol.
La livre était une unité de compte. Il n’existait pas de pièces de monnaie d’une livre.
Il faut 20 sols en pièces ou 240 deniers en pièces pour faire une livre.
On peut estimer la livre entre 8 et 10 euros d’aujourd’hui. La journée de travail à la vigne se payait de 4 à 6 livres en 1766.