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dimanche 25 mars 2012, par
Une première approche peut se faire avec une étude exhaustive du registre paroissial tenu entre juin 1665 et avril 1684. On reprend donc ici ce registre avec ses renseignements principaux et en faisant quelques observations :
Année 1665 :
Année 1666 :
Aucun acte.
Année 1667 :
Année 1668 :
Année 1669 :
Année 1670 :
Année 1671 :
Aucun acte.
Année 1672 :
Année 1673 :
Année 1674 :
Année 1675 :
Année 1676 :
Année 1677 :
Année 1678 :
Année 1679 :
Année 1680 :
Année 1681 :
Aucun acte.
Année 1682 :
Aucun acte.
Année 1683 :
Année 1684 :
L’extrait de ce registre a été donné au secrétaire de l’évêque par le prieur PALHASSY, ce secrétaire l’ayant signé à l’occasion de la visite de l’évêque au Triadou, le 28 janvier 1685.
Analyse de la période 1665-1684 :
Sur ces 19 ans, entre 1665 et 1684, on peut faire un certain nombre de constatations :
A ce registre du 17ème siècle, il faut encore ajouter un extrait du registre suivant pour seulement l’année 1692 et qui ne concerne que des résidents :
Année 1692 :
A la suite de cet acte, il est indiqué : Extrait tiré sur l’original par moy Jean Louis PALHASSI prieur dudit Triadou. Signature PALHASSY.
Une deuxième approche pourrait se faire avec le nouveau compoix de 1684 mais il n’est plus communicable aux Archives départementales de l’Hérault car trop abîmé. Un extrait qui ne concerne que les biens communaux est, cependant, encore visible. Il est joint ci-dessous, en quatre photos. Dans cet extrait, on voit que les confronts des garrigues et devois de la communauté concernent toujours les mêmes noms : Marcellin PLAGNOL, AUZEMAR et les héritiers de Jacques EUZET. Ainsi, les LATOUR et les BERTIN des siècles précédents ont disparu, comme avaient disparu avant eux les TRIADOU et les AGULHON de Montferrier. Bien entendu, il est prématuré de conclure sur ce 17ème siècle car il y a trop de lacunes dans les registres paroissiaux mais il semble que le partage des terres en trois grandes parts était la règle depuis très longtemps.
Une troisième approche est possible avec le relevé des tailles payées au Triadou. Un seul document est conservé mais il est très parlant pour se faire une idée de la situation à la fin du 17ème siècle, puisqu’il s’agit de l’année 1694. Voici les détails de ce relevé :
1/ Jean PLAGNIOL : 262 livres 11 sols 9 deniers
2/ Hoirs (héritiers directs) de Jacques EUZET : 252 livres 12 sols 7 deniers
3/ Marcellin PLAGNIOL : 164 livres 10 sols 9 deniers (c’est Jean PLAGNIOL qui a payé, en trois fois)
4/ M. AUZEMAR, sieur du Triadou : 151 livres 16 sols 9 deniers (le 13.08.1694, par mains de Dominique VIELHE : 142 livres 16 sols 9 deniers ; par mains de Pierre LAURAYRE : 9 livres)
5/ M. de SAINT ROMAND : 120 livres 13 sols 7 deniers (par mains de Pierre PERTRACH, rentier de Montalet)
6/ M. de THOIRAS : 73 livres 7 sols 7 deniers (par mains de Pierre AZEMAR, rentier de Restinclieres)
7/ Jean VINCENT : 24 livres 9 sols 11 deniers
8/ Barthélémy RICARD : 12 livres 9 sols 8 deniers (Jean TIOCH : 2 livres 10 sols ; Barthélémy RICARD : 5 livres 16 sols 6 deniers ; Jacques CALAGES : 4 livres 3 sols 2 deniers)
9/ Bertrand DESFOUR : 8 livres 10 sols 6 deniers (en deux fois)
10/ Michel PERTRACH : 4 livres 16 sols 7 deniers (par mains de dlle DURANTE sa femme)
11/ Bertrand MONTELZ : 4 livres 4 sols 2 deniers
12/ Jean TOURIERE : 11 sols 8 deniers
13/ Les habitants du lieu : 34 livres 2 deniers (Jean PLAGNIOL : 11 livres 6 sols 8 deniers ; Les hoirs d’EUZET : 11 livres 6 sols 8 deniers ; M. AUZEMAR : 11 livres 6 sols 8 deniers)
Le récapitulatif a été dressé par Jean EUZET, greffier consulaire du Triadou, le 30 avril 1694. Le total de 1111 livres 19 sols 7 deniers comprenait 1012 livres 7 sols 5 deniers de tailles proprement dites, 23 livres 17 sols de taillons, 12 livres pour les gages attribués à l’office de greffier consulaire acquis par Jean EUZET, 2 livres 10 sols pour la façon du livre ou fourniture du "papier timbre", à raison de 2 livres pour chaque somme de 1000 livres (arrêt du conseil du 19 mai 1691) et 61 livres 5 sols pour le droit de livre, à raison de 14 deniers "pour livre". En fait, le total général a finalement été de 1114 livres 15 sols 8 deniers, après le calcul de toutes les parcelles
Analyse de cette année 1694 :
Ce qui apparaît d’abord, c’est qu’il y a seulement trois feux dans la paroisse. Celui de Jean PLAGNIOL, celui des héritiers de Jacques EUZET (Marguerite GELY et ses deux fils, Jean et Claude) et celui de Jean AUZEMAR. Cela correspond bien à ce que l’on sait par d’autres sources. Cela confirme aussi la disparition définitive des BERTIN et des LATOUR qui avaient, avec les EUZET, constitué les trois familles du Triadou depuis - au moins - le 15ème siècle. Les quelques actes conservés des registres paroissiaux montrent, d’ailleurs, que les LATOUR habitaient encore le Triadou le 7 novembre 1674, c’est-à-dire à peine vingt ans auparavant (à cette date, baptême d’Elisabeth LATOUR, fille de Bertrand et de Françoise FABRE). Il semble même que Bertrand LATOUR habitait encore au mas du Triadou en 1682, puisque le 28 janvier de cette année, les parties au procès des censives du Triadou font une transaction devant le notaire FAGES, de Montpellier. L’acte indique que "Mr Jean AUZEMAR, docteur et advocat, Jean PLAGNOL fils et donataire contractuel de Marcelin PLAGNOL, Guillaume BRESSON, hoste de ceste ville, faisant pour et au nom de Bertrand LATOUR son beau-frère, et Margueritte GELYE, veuve de feu Jacques EUZET, quand vivoit procureur juridictionnel de la val de Montferrand, faisant l’entier corps des habitants dudit mas du Triadou". Par contre, les BERTIN ont probablement disparu dans la deuxième partie du 16ème siècle (ils sont encore là quand est fait le compoix de la val de Montferrand, dans les années 1550-1554). On constate ensuite que le plus riche est Jean PLAGNIOL qui paye non seulement pour lui la plus grosse contribution mais aussi pour les terres de Marcellin PLAGNIOL, lequel semble donc ne plus habiter au Triadou. En dehors d’AUZEMAR, sieur du Triadou, docteur et avocat de Montpellier, on trouve de SAINT ROMAND et de THOIRAS qui - sous réserve de vérifications - doivent faire partie de ces riches montpelliérains qui investissent dans les campagnes aux alentour de la capitale régionale. Comme les autres propriétaires, beaucoup moins riches, ils n’habitent pas sur place mais sont contribuables, le règlement se faisant par ceux qui cultivent effectivement la terre. Les autres, ce sont donc VINCENT, RICARD DESFOUR, PERTRACH, MONTELS et TOURIERE, ce dernier payant moins d’une livre. Ces petites propriétés peuvent, elles-mêmes, être morcelées (pour RICARD, tout au moins, puisque le paiement s’effectue par trois personnes). Bien entendu, ce classement ne tient pas compte des "biens privilégiés" non soumis à la taille. En 1790, un siècle plus tard, le classement de ces biens privilégiés fera ressortir les propriétaires suivants : le prieur, curé du Triadou, l’évêque de Montpellier, le chapitre cathédral saint Pierre de Montpellier et Jean EUZET.
Une quatrième approche permet de confirmer les constatations précédentes. En effet, les procès-verbaux de visites des paroisses par l’évêque de Montpellier sont conservés à partir de celles de 1632-1633.
La visite de 1632 (le 13 juin)
A cette époque où François CAUSSEL est prieur et où Jean EUZET est procureur juridictionnel en la val de Montferrand, la délégation épiscopale est reçue par ces deux hommes, ainsi que par Marcelin PLAGNIOL (écrit PLAIGNOL), habitants du Triadou. Le compte rendu fait ressortir que le nombre de paroissiens est de "quatorze personnes ou environ a ce compris les valets et bergers" (ce chiffre ne tient donc pas compte des enfants).
C’est Jean EUZET qui indique au représentant de l’évêque que les biens de l’église consistent en une vigne et un jardin et qu’ils ont été allivrés au sieur Jean AZEMAR (en fait, AUZEMAR), lequel n’est pas présent. Il est ordonné que les actes justifiant cet allivrement soient remis. Le même Jean EUZET dit qu’il ne sait pas s’il existe une fondation ou une chapelle (alors que ses ancêtres ont été bénéficiaires des 50 écus, réduits ensuite à 40 écus, par le prieur MARRE, au XVe siècle). Par contre, le prieur François CAUSSEL indique qu’il possède l’extrait d’une fondation "faite par Mr Bringuier MARRE prestre, jadis prieur en ladite eglise, d’une chapelle qu’il a fondée en l’honneur de dieu et de la bien heureuse vierge marie", d’un montant de 50 écus (il n’a donc pas en main le codicille au testament qui réduit cette fondation à 40 écus), pour être mis en rente au profit de ladite chapelle et portant obligation de célébrer une messe par semaine. Le prieur remet ensuite l’extrait de la fondation au représentant de l’évêque.
Jean EUZET signale que 10 livres sont payées à la chapelle Saint Sauveur, fondée en l’église Notre Dame des Tables, à Montpellier. L’ancien prieur, Jacques BOUGETTE, en était chapelain. Cette somme est actuellement payée au chanoine TRIAL. Il est ordonné que Me TRIAL remette la fondation. La mention de cette chapelle et de la rente qui est versée n’est indiquée que dans ce compte rendu. Elle ne sera plus mentionnée ultérieurement. En tout cas, on voit bien que l’Eglise cherche à mettre de l’ordre après les troubles religieux. Ordre dans ses papiers mais, également, ordre dans les édifices religieux.
En effet, le compte rendu montre que les bâtiments, prieuré et presbytère, sont dans un piteux état (il n’est pas fait mention du cimetière). "La maison claustralle proche ladite eglise" est "ruinée". Quant à l’église, il faut la réparer et "bastir le couvert" (le toit), "enduire et blanchir les murailles" et puis "couvrir le cloistre", acheter deux cloches, l’une "d’un quintal" et l’autre, petite, pour "leslevation" (pendant la messe) ; il faut aussi faire faire "un tableau avec son cadre" et " un ordinaire pour ladministration des sacremans". On voit bien que les lieux n’ont pas été épargnés et qu’il faut tout remettre en état.
Le prieur, lui-même, n’a pour revenus que 50 écus et "deux saumades a bled" qui sont insuffisants pour le nourrir et payer 27 livres de décimes. Il réside à Saint-Jean-de-Cuculles "quy est a un petit quart de lieue". Il sera tenu de venir dire la messe au Triadou une fois par semaine.
La visite de 1666 (le 9 décembre)
Le compte rendu est particulièrement intéressant car il est très précis et il aborde des sujets que l’on ne retrouve pas dans les autres visites. Sont présents, notamment :
L’évêque donne la confirmation à 8 personnes et, pendant la messe, administre la communion aussi à 8 personnes mais le prieur indique "quil y a ordinairement 15 communians dans la dite paroisse et une vingtaine lorsque le sr AZEMAR y reside". Après la visite de l’église, il visite le cimetière et le prieur précise "quil y a deux cimetieres dans lad. parroisse, savoir l’un qui est au devant de la porte de lad. eglise ou sont enterrés les ancetres LATOUR, et l’autre au derriere dicelle, ou sont enterres les EUZETS, lesquels cimetieres ne sont point clos, et ny a point de croix". De toutes les pièces d’archives, c’est la seule où est décrite la situation de ces deux cimetières. On peut risquer l’hypothèse suivante : la famille la plus ancienne résidant encore au Triadou était celle des LATOUR, d’où la place importante devant la porte de l’église. Dans l’ancienneté venaient ensuite les EUZET qui avaient donc leur cimetière réservé derrière l’église. C’était, peut-être, pour ces derniers, la place la plus recherchée, au plus près de l’autel et du choeur, car il ne faut pas oublier que les EUZET avaient succédé aux TRIADOU, lesquels avaient succédé aux nobles AGULHON, de Montferrier. Dans la mentalité de ces époques, il fallait que les corps soient proches de l’autel, si possible dans l’église même (les prieurs y étaient enterrés) et, sinon, dehors au plus près. Par contre, les familles plus récemment installées dans le village n’avaient pas de cimetière attitré, ce qui peut surprendre pour les PLAGNIOL qui paraissent être déjà bien implantés dans la paroisse, famille riche ayant la charge de diriger le conseil de la communauté des habitants. L’ordonnance qui suit la visite ordonne aux habitants de "clore les deux cimetières et y dresser en chacun d’iceux une grande croix de pierre".
La plus grande partie du compte rendu concerne la délimitation de la dîmerie du Triadou. Le prieur du Triadou estimait que le prieur de Saint Sauveur du Pin avait inclus certaines terres et devois de sa dîmerie dans la sienne. Il l’avait fait assigner le jour de la visite au Triadou. Le père Dom Christophe LA CHAISE, procureur du monastère Saint Benoît d’Aniane, prieur de Saint Sauveur du Pin et député du monastère, avait répondu qu’il y avait une transaction passée avec le prieur François CAUSSEL en 1660, ce à quoi le nouveau prieur François HOÜY, avait répondu que son prédécesseur ne pouvait lui porter préjudice et qu’il exigeait que, dans le délai de six jours, un expert soit nommé. L’ordonnance qui suit la visite reprend les demandes ci-dessus en ajoutant la vérification des bornes de Saint Sauveur du pin et de Prades et en vérifiant aussi les confronts. Effectivement, le 10.12.1666, Barthélémy GREGOIRE, chanoine de l’église collégiale de Saint Sauveur de Montpellier, est délégué par le seigneur évêque de Montpellier pour faire ce contrôle. Il est accompagné de Jean VALAT, chanoine en l’église cathédrale de Montpellier (au nom du chapitre cathédral) et prieur du bénéfice de Saint Jacques de Prades, de Fulcran AUDIBERT (procureur fiscal du seigneur évêque), de Jean AZEMAR (AUZEMAR, seigneur du Triadou), de René COULONDRES (baille de Saint-Gély-du-Fesc, rentier du bénéfice de Saint-Jean-de-Cuculles), de Jacques DESFOURS (habitant de Saint-Jean-de-Cuculles, âgé de 50 ans ou environ), de Jean SAUVAYRE dit Moutet (habitant et premier consul de Prades, âgé de 75 à 80 ans), de Pierre VINCENS dit Manson (ou Mauson, habitant de Prades, âgé de 55 à 60 ans), de Jean RICHART dit Jacot (habitant de Prades, âgé de 45 ans), prudhommes et experts (...).
En fait, il est bien difficile aujourd’hui de situer les lieux où étaient les bornes quand il est écrit, par exemple : "serions montés vers un bois complanté d’oliviers, apres lavoir passé serions entrés dans une vigne close de pierres et de lauses qui est sur le chemin de Prades audit chateau de restinclières et a quatre pas dans icelle vigne", etc. C’est, cependant, un peu plus facile de situer les limites quand on rentre dans les généralités, comme, par exemple : "le sieur baille de St Gely du Fesc rentier du benefice de Saint Jean de Coculles et du moulin de Lafous auroit affirmé que la dixmerie de St Jean de Cuculles sestendoit jusqu’au déla du moulin de la foux a la droite de la guarrigue tout proche l’ecluse qui va a leglise de St Sauveur du pin".
Enfin, le compte rendu décrit dans les détails l’église, son bâtiment et son mobilier (ce qui montre que les dispositions de l’ordonnance de 1632, suite à la visite, ont bien été observées sur ce point).
La visite de 1684
Dans le compte rendu de la visite, le prieur Jean Louis PALHASSY indique le nombre de "communiants", soit 21 environ. Il précise aussi que Pierre EUZET n’a pas communié à Paques depuis vingt ans environ car il "n’en est pas en estat" (ce fils de Jean EUZET, le procureur juridictionnel, était handicapé physiquement et mentalement). Autre précision importante, il n’y a ni "hérétiques", ni "exercice de la R.P.R." (la religion prétendue réformée, c’est-à-dire le protestantisme).
Ce compte rendu de visite est présenté sous forme de questionnaire avec, le plus souvent, des réponses par oui ou par non. Ainsi, à la question de savoir s’il y a une maison curiale en bon état et si le prieur y loge, il est répondu deux fois oui (ce qui montre l’évolution par rapport à 1666). Certains points apparaissent pour la première fois, comme l’absence d’un maître ou d’une maîtresse d’école. D’autres montrent que les ordonnances précédentes ont été partiellement suivies. Ainsi, il est indiqué qu’il y a un cimetière "entouré de murailles" mais qu’on est seulement en train de faire "une grande croix au milieu" et que la porte n’est pas fermée à clef. Le questionnaire est signé par le prieur PALHASSY, cependant que le prêtre HOÜY (l’ancien prieur) perçoit "une pension de cent livres".
Comme dans le compte rendu précédent, la description essentielle porte sur l’église elle-même, surtout ses ornements et son mobilier. Tout ce qui concerne l’église sera repris dans un article sur le XVIIIe siècle (les éléments connus du XVIIe siècle étant notés en comparaison).
Une cinquième approche donne aussi son lot de renseignements. Il s’agit des minutes notariales, essentiellement celles des notaires des Matelles. En même temps, les Archives de l’Hérault possèdent des archives familiales dans la sous-série 1E. Dans celles-ci, on trouve trois dossiers concernant les EUZET du Triadou. A l’intérieur, on peut y voir beaucoup de pièces qui sont justement issues, le plus souvent, des minutiers des notaires des Matelles : copies, extraits ou originaux. Grâce à ces pièces, il est possible de compléter ce qui n’existe plus dans les archives notariales conservées aux Archives de l’Hérault dans la série 2 E 47. Tous ces actes se complètent et sont précieux car ils sont riches d’enseignements, aussi bien sur les habitants de la paroisse que sur les affaires traitées, l’état des bâtiments religieux et la hiérarchie des pouvoirs.
L’installation des prieurs et des curés
Même observation sur l’utilité de ces minutiers pour connaître les prêtres, curés ou/et prieurs qui se sont succédés à l’église-prieuré Saint-Sébastien-de-Cassagnas, du Triadou. Sans cette source, leurs noms resteraient ignorés. Ainsi, celui du prêtre Jean LACALM, qui est mis en possession du prieuré, tel qu’on le voit dans un acte du notaire Barthélémy GREGOIRE, notaire royal dit de Londres (en fait, des Matelles), à la date du 20.10.1600 et suite à une collation faite par un conseiller du roi au parlement de Toulouse. Il faut croire, d’ailleurs, que ce choix n’était pas particulièrement judicieux car, dès le 21.01.1601, la communauté des habitants se réunit dans la maison du seigneur du Triadou, Jean AUZEMAR. Sont présents, Marcelin PLAGNIOL (écrit PLAGNOL), "baille", Jacques EUZET et Antoine LATOUR (écrit de la Tour), "lesquels représentent la plus grande et principale parties dudit lieu". Ils sont réunis pour faire faire les réparations à l’église (mais sans donner plus de détails), acheter "des ornemens" (pour l’église) et pallier la carence du prieur "ne dagnant faire son debvoir". Pour cela, ils ont les autorisations nécessaires, en particulier du seigneur évêque de Montpellier. Ils souhaitent donc qu’un curé s’installe au Triadou et, pour cela, ils offrent de "payer la dixme comme ils ont accoustumé de toute ancienneté", c’est-à-dire la portion congrue laissée par le prieur au curé en place. Jean AUZEMAR présente alors Olivier MONTAGNON, prêtre et curé de Vic, pour servir de curé dans la paroisse du Triadou. Une négociation sur le prix à payer s’engage alors, MONTAGNON demandant "six escus le moys de gaiges pour sa nourriture" mais les habitants refusent et lui proposent quatre écus par mois. A l’issue du marchandage, le prix est fixé à treize livres par mois, somme qui lui sera payée par le sieur AUZEMAR "moys par moys", son service commençant le jour de "saint Luc prochain". Enfin, ledit MONTAGNON "promet bien et demeurer faire son debvoir et sadite charge". L’acte est passé en présence de Guillaume EUZET (du Triadou) et de Pierre PERTRACH (de Molières nègres) mais seuls signent avec le notaire, AUZEMAR et MONTAGNON (la signature de celui-ci étant plus proche de MONTHAINON), les autres ne sachant pas signer (notaire Barthélémy GREGOIRE, des Matelles)
Il faut certainement replacer cet acte dans son époque qui est celui des guerres de religion. Manifestement, non seulement l’église du Triadou a souffert mais l’absence de curé montre aussi que les dangers inhérents à la proximité de Montpellier empêchaient d’assurer correctement les services religieux. Cette négociation sur le prix à payer à Olivier MONTAGNON pour le faire venir et le retenir sans pour autant trop dépenser est certainement caractéristique de ce temps qui vient de voir la promulgation de l’Édit de Nantes (en 1598) et une certaine renaissance catholique dans la ville de Montpellier (voir, en ce sens, les écrits de Jean BAUMEL dans son livre sur Montpellier au cours des XVIe et XVIIe siècles - Les guerres de religion, des pages 136 à 142, notamment).
Certes, il est rare d’avoir des traces écrites directes de l’incidence des guerres de religion au Triadou. Cependant, on trouve dans le minutier d’un notaire de Lunel, Ozias BERINGUIER, le compte rendu d’un incident intéressant, le 31.10.1628. A cette date, Jean EUZET explique à Pierre BRUN, consul de Lunel, que le samedi précédent, "un cavalier de la compagnie de Mgr le duc de Montmorency" est venu au Triadou et lui a montré une ordonnance du duc datée du 17 octobre imposant aux habitants faisant profession de la religion prétendument réformée de fournir des vivres pour l’entretien de dix cavaliers de cette compagnie et ce de la part des consuls de Lunel. Jean EUZET a expliqué qu’aucun habitant, aucun contribuable du Triadou ne faisait profession de cette religion et qu’ils étaient tous catholiques. En conséquence et conformément à l’ordonnance, ils devaient être exempts de cette contribution. Jean BRUN lui ayant demandé de confirmer ces faits pour faire sa réponse, Jean EUZET a écrit, à la suite de cet acte, une déclaration de confirmation, tant en son nom qu’au nom des autres habitants du Triadou (copie dans les archives familiales des EUZET du Triadou, aux AD 34).
Les réparations de l’église, du presbytère et du cimetière
Beaucoup plus tard, dans le minutier du notaire Gilbert SALOMON, des Matelles, on peut lire une délibération du conseil des habitants du Triadou, le "dernier febvrier 1681". Sont présents, Jean AUZEMAR, docteur et avocat, Marcelin PLANIOL, Jean PLANIOL (l’orthographe de leur nom est celle qui est adoptée par le notaire) et Marguerite GELYE, veuve et tutrice "des hoirs" (héritiers) de feu Jacques EUZET, "procureur juridictionnel de ladite comté" (le comté de Montferrand). Il est précisé que ces quatre personnes constituent "la plus grande et saine partie de la comté dudit lieu, attendu qu’il n’y a point d’autre habitant que Bertrand LATOUR qui est absent dudit lieu despuis longtemps". On comprend par cette formule que ne sont comptés comme représentants de la paroisse que les propriétaires. En sont exclus les salariés qui travaillent pour ces propriétaires (les bergers et les valets).
Ils sont réunis parce que l’église paroissiale "est entièrement descouverte despuis cinq ou six ans a cause de quoi le divin service ne sy faict pas du despuis ce qui est un grand préjudice aux habitans dudit lieu." Ils veulent donc y remédier et faire recouvrir l’église "à frais communs" et donc "en donner le prix faict a celluy ou ceux qui en voudront faire la condition meilleure". Mais comme la communauté n’a pas de ressources, ils décident d’emprunter 120 livres, somme que les maçons ont pu évaluer ailleurs comme étant le minimum nécessaire pour faire ces travaux.
Au nom de tous les habitants - y compris Bertrand LATOUR, absent - la communauté donne à Jean PLANIOL le pouvoir d’aller à Montpellier ou "partout ailleurs" pour emprunter cette somme, sous réserve de l’accord de l’Intendant (la formule utilisée est : "soubs le bon plaisir et consentement de monseigneur l’Intendant de la province"). L’acte est fait sur la place du Triadou, en présence de Folcrand FLAVARD, des Matelles et Jean AUZEMAR jeune qui signent avec les habitants, sauf Marguerite GELY et Marcelin PLAGNIOL qui ne savent pas signer (cependant, ce dernier appose sa marque). En note, il est précisé que la communauté est poussée à agir par l’évêque de Montpellier. Ainsi voit-on, en cette fin du XVIIe siècle, les pouvoirs concurrents de la communauté des habitants (qui seule peut décider des travaux à faire à l’église) : l’évêque qui pousse - en fait qui oblige - les habitants à agir, et l’Intendant qui doit donner son accord au prêt financier.
Le 27.04.1682, la communauté des habitants se réunit à nouveau. Il y a Jean AUSEMAR, docteur et avocat, Marcelin et Jean PLAGNIOL "faisant tout le corps de la communauté dudit lieu ny ayant autres habitans que deux femmes vefves" (veuves). Ils rappellent l’acte du "dernier febvrier 1681" avec la décision d’emprunter 120 livres pour être employées aux réparations de l’église qui menaçait ruine et, surtout, la suite de la procédure avec l’ordonnance de l’Intendant de la province, DAGUESSEAU, du 08.04.1681. On apprend ainsi que l’Intendant n’a autorisé qu’un emprunt de 100 livres et que ces 100 livres ont été effectivement empruntées à Grace PLAGNIOL (patronyme écrit PLANIOLLE), "par obligation du quatriesme mars employée et délivrée à Francois MONTELS masson entrepreneur desdites reparations comme appert de la quittance du onze may suivant". Il est expliqué ensuite qu’il "a fallu faire d’autres despens considerables pour mettre léglize en bon estat" et que Jean PLANIOL jeune s’est chargé d’avancer les sommes, "par ordre des habitans". Il a arrêté son compte duquel il ressort que la communauté lui doit 51 livres 12 sols. Pour le rembourser, ces sommes doivent être vérifiées, d’où la délibération nouvelle de la communauté. Celle-ci a alors approuvé tant l’emprunt des 100 livres que la dépense effective retracée par le compte. En conclusion, la communauté supplie l’Intendant de bien vouloir vérifier et permettre l’imposition pour assurer le payement des créanciers. Le délibération a été faite en présence de Folcrand FLAVARD et Pierre DAUMAS, habitants des Matelles qui ont signé avec AUZEMAR et Jean PLANIOL (Marcelin PLAGNIOL ne sachant pas signer) ; en fait, cet acte est repris dans un extrait signé et collationné par le seul SALOMON, notaire des Matelles (dans cet extrait, le notaire écrit, tantôt PLAGNIOL, tantôt PLANIOL).
L’intendant a dû donner son accord mais, entre-temps, une autre obligation s’est faite jour : refaire un nouveau compoix. En effet, il faut attendre le 10.08.1684 pour que le même notaire, Gilbert SALOMON, enregistre une nouvelle décision de la communauté des habitants du Triadou. Sont alors présents, auprès de Jean Louis PAILHASSI, prêtre et prieur du Triadou : Jean AUZEMAR, docteur et avocat, Marcelin et Jean PLAGNIOL, père et fils (l’orthographe de leur nom est celle qui est adoptée par le notaire mais le fils signe PLAIGNIOL), "faisant l’entier corps des habitans dudit lieu du Triadou". A noter que dans cet acte, Marguerite GELY et Bertrand LATOUR ne sont ni présents ni évoqués. La communauté rappelle, d’une part, l’ordonnance de visite de l’évêque de Montpellier qui oblige de faire "certaines réparations à l’église" et, d’autre part, la décision de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier qui ordonne de faire un nouveau compoix. Il est d’ailleurs précisé que ce nouveau compoix "se trouve fort advancé sans avoir rien payé aux entrepreneurs d’icelluy". Aussi, la communauté constitue pour procureur général et spécial, Jean PLAGNIOL, afin d’emprunter les 120 livres nécessaires. Il s’agit du même montant qu’en 1681 mais l’acte est plutôt vague en ce qui concerne les travaux à faire à l’église, frais auxquels on a joint les dépenses relatives à la confection du nouveau compoix. L’acte est passé aux Matelles, en présence de Denis ESPINAS, prêtre et curé de Saint-Jean-de-Cuculles, et de François MIRAVAUX (qui signe MIRABAUD), notaire d’Aigues-Vives.
Le 21.08.1684, un autre acte est passé auprès du notaire Gilbert SALOMON par Jean PLAGNIOL, ménager du Triadou (l’orthographe de son nom est celle qui est adoptée par le notaire mais il signe toujours PLAIGNIOL), en présence du prieur du Triadou, Jean Louis PAILHASSI, et de Barthélémy SALOMON, des Matelles. Peu avant la passation de cet acte, il a reçu de sa soeur Grace PLAGNIOL (la même qui avait prêté les 100 livres de 1681), les 120 livres, en "escus blancs et autre monnoye". Sa soeur ne participe pas à l’acte mais il s’engage à la rembourser dans le délai d’un an. Il est précisé qu’il accepte cette somme en vertu de la procuration faite en sa faveur le dix août. Les travaux ont dû être faits dans l’année car le compte rendu de visite de l’évêque pour 1684 donne, à la rubrique concernant l’église et à la question de savoir si elle est bien couverte, une réponse positive. Cependant, comme il n’y a pas la date précise de cette visite sur l’imprimé type qui, lui, est bien de 1684, il reste une incertitude quant à la période effective de réalisation des travaux.
Si l’on compare de tels actes avec ceux que l’on peut trouver au XVIIIe siècle, on voit bien que ceux du XVIIe siècle sont moins précis. En effet, dans les minutier des notaires des Matelles, surtout dans la seconde partie du XVIIIe siècle, on trouve encore des baux avec des maçons ou des plâtriers concernant des réparations de l’église du Triadou, de son presbytère ou de son cimetière. La différence tient moins dans les prix que dans les précautions prises pour aboutir au meilleur prix et pour garantir la bonne exécution des travaux. Un devis est fait avec un premier maître artisan mais les travaux sont donnés à un autre maître de la profession concernée, on énumère quels sont les matériaux nécessaires qu’il doit fournir et on prévoit même une caution avec un troisième maître de la même profession. Il est évident que les actes du XVIIe siècle ne donnent pas autant de détails, ce qui ne veut pas dire que les représentants de la communauté des habitants ne prenaient pas les précautions nécessaires.
La valeur du "bénéfice" du prieuré
Les minutes notariales sont aussi utiles pour connaître la valeur d’un prieuré ou d’une église paroissiale, ce que l’on appelait son bénéfice. En effet, au Triadou, le prieur arrentait les biens du prieuré, pour une durée de deux, trois ou quatre ans, à un laïc.
Cette lettre est un modèle de diplomatie quant au fond mais aussi dans la forme. Ainsi, la signature du prieur est à peine esquissée alors que dans la quittance qu’il a dressée le 7 mai précédent, on découvre une signature particulièrement imposante, digne d’un notaire ! Il faut croire, peut-être que ce Jacques EUZET était particulièrement susceptible ou, peut-être aussi, que le curé JUGLA n’avait pas la manière. Quoiqu’il en soit, tout ceci tranche avec l’ambiance conflictuelle qui va s’engager avec le prieur suivant, Jean Louis PAILHASSY. Les successeurs de HOÜY resteront sur place et ils vont exiger que leurs droits soient reconnus, tant pour la confrérie que pour la chapelle Notre Dame. (lettre écrite à Paris - archives familiales, aux AD 34)
Ainsi, après l’épisode ombrageux et contentieux avec le prieur PALHASSY (double procès sur les biens de la confrérie et sur la rente de la chapelle Notre Dame), le nouveau prieur reprend les habitudes anciennes d’arrenter le bénéfice du Triadou aux EUZET de la paroisse. Cependant, le contrat ci-dessus va être rapidement caduc puisque les deux parties signent un bail équivalent un mois plus tard avec le notaire des Matelles (ce qui, là-aussi reprend les habitudes anciennes). Le nouveau contrat va être plus précis quant aux dates (on ne parlera plus de récolte des olives) et aux éléments inclus dans le bail qui va passer de deux ans à quatre ans.
Cependant, le prieur Jean Louis CARIBAIN est remplacé par le prieur André SALLES, fin 1698 (au moins à partir du 15 novembre). Le contrat ci-dessus est donc, à son tour, devenu caduc et un nouvel engagement a été conclu entre le nouveau prieur et deux habitants du Triadou, Jean EUZET et Jean PLAGNIOL. Ce document se trouve dans les archives de la famille EUZET du Triadou (aux AD 34) et cette "convention" privée montre que l’on pouvait très bien se passer d’un acte authentique, dans une époque, pourtant, où le notaire était omniprésent.
Quoiqu’il en soit, on voit qu’il est du 02.12.1698, que "l’afferme" est prévue à partir du 01.01.1699 (donc comme pour le second contrat avec le prieur CARIBAIN) mais que la durée est beaucoup plus courte puisque l’engagement doit se terminer le 31.12.1700. De plus, le nouveau prieur se réserve la rente prise sur le château de Restinclières ainsi que la "dominicature dime du vin du Sr AUZEMAR du Triadou". Il en résulte que le prix est moins élevé puisqu’il se monte à 340 livres chaque année. Enfin, comme pour le contrat précédent, les paiements doivent se faire chaque année en quatre parts égales et par avance, de trois mois en trois mois.
En réalité, si les paiements ont bien été effectués, cet échéancier n’a pas été respecté, ainsi qu’on le découvre à la lecture d’une page de quittances écrites par le prieur André SALLES, en 1699 et 1700. Ces quittances se trouvent dans les archives de la famille EUZET du Triadou (aux AD 34).
Les obligations militaires du Triadou
Une délibération de la communauté des habitants donne un éclairage sur les obligations militaires qui pouvaient être à la charge de celle-ci. En effet, le 03.05.1675, sur la place publique du village, se sont réunis Jean AUSEMAR (qui signe AUZEMAR), docteur et avocat de Montpellier, Jacques EUZET, Marcelin PLANIOL (qui signe PLAIGNIOL) et Bertrand LATOUR, "habitant et faisant la plus saine partie de la communauté dudit lieu du Triadou". Ils ont décidé de faire de Jacques EUZET leur procureur pour qu’il emprunte 40 livres destinées aux salaires de trois soldats ou, plus exactement, à une part de leurs salaires car les sommes correspondantes devaient être fournies conjointement par les trois paroisses de Valflaunès, Treviers et Le Triadou. Eventuellement, on pourrait trouver les hommes pour faire la fonction. Cette obligation faisait suite à une ordonnance des commissaires du diocèse de Montpellier, en date du 19.04.1675, elle-même en conséquence de "celle de monsieur le marquis de MONPESAT dudit jour, pour aller servir le roy aux garnisons de Perpignan, Collioure et Villefranque en Roussillon entre cy et le cinquième du courant". L’acte a été écrit par le notaire Gilbert SALOMON, des Matelles, en présence du prieur Jean Louis PALHASSY et de Folcrand DELMAS (qui signe DAUMAS), de Saint Jean (de Cuculles).
Les obligations fiscales du Triadou
On a vu plus haut l’analyse de la répartition des tailles pour l’année 1694. Il est possible de mieux comprendre encore le mécanisme de cet impôt grâce à deux actes notariés. Le premier, du 31.05.1682, est l’attribution du bail des tailles du Triadou pour l’année en question. Le second, du 22.04.1698, montre comment un contribuable en retard de paiement peut éviter la saisie de ses biens. Les premier se trouve dans le minutier de Gilbert SALOMON et le second dans celui de Jean MAUMEJAN (dit de la val de Montferrand et de Londres).
Une sixième approche apporte son complément d’informations avec le registre de la confrérie du Saint Sacrement remise en vigueur en 1685. Le "rolle des confraires et confreresses" est établi pour la visite de la paroisse et "la closteure de la mission generale par monseigneur charles de PRADEL evesque de montpellier dans la confrairie du st sacrement ordonnée et establie par nous seigneur cy devant dans une autre visite".
Le 28.01.1685, "Jean Louis PALHASSY prieur de lad paroisse nommé prevot de ladite confrairie par mond. seigr de montpr le susdit jour 28e janvier 1685 et ay exercé cette charge jusques au 29e may 1688". Cette première mention du registre de la confrérie du Saint Sacrement est suivie d’une série "d’obiit" concernant : Jean AUZEMAR, Marcellin PLAIGNIOL vieux, Jean PLAIGNIOL son fils, Marcellin PLAIGNIOL fils dudit Jean, Guilhaume PLAIGNIOL, Jean EUZET, Claude EUZET, Jean VINCENS clerc de Saint Jean de Coculles, Jean PAGÉS berger à Montalet, Francois N. berger du susdit Jean PLAIGNIOL, Anthoine N. berger dudit PLAIGNIOL, Jean RAMOND valet de Marguerite GELI, Jean ... berger de ladite, Dominique VIELHE berger, Anne de MICHEL femme dudit sieur AUZEMAR, Jane de MICHEL sa soeur, Georgette DAUZEMAR, Anthoinette DAUZEMAR, Jeane DAUZEMAR (filles dudit sieur AUZEMAR), Marguerite GELYE veuve de Jacques EUZET, Elyzabeth TIOCHE femme de Jean PLAIGNIOL, Estienne PLAIGNIOLE sa fille, Jeanne ACCARIERE veuve de Jacques LATOUR.
Il est ensuite indiqué que Jean Louis PALHASSY, prieur de la paroisse du Triadou, a fait la fonction de prévôt jusqu’au 29.05.1688 et qu’il "ne rends aucun compte a ladite confrairie parceque comme elle est nouvellement establie, elle est si pauvre que ce qui se donne au bassin est si peu de chose que jay fait toute la despense necessaire, tant a lautel que pour lentretien de la lampe, l’achept dicelle et de tout le reste".
Le 29.05.1688, Jean AUZEMAR est nommé prévôt ; il reste en fonction jusqu’au 12.05.1689 et il est précisé "navoir rien perceu cau contraire, il a garny lhuilier pour lentretien de la lampe et des deniers du bassin et du mien (c’est-à-dire, pour le prieur) jay fourny les chandelles et tout le reste".
le 12.05.1689, c’est au tour de Marcelin PLAGNIOL de devenir prévôt : "en presence et a la pluralité des voix des confraires a esté nommé prevost marcellin PLAIGNIOL vieux de la confrairie du St Sacrement le dimanche dans loctave de la feste dicelle [l’octave est un espace de 8 jours consacré, dans l’église romaine, à solemniser une grande fête, en l’occurence celle du Saint-Sacrement, appelée aussi la Fête-Dieu]
Le 25.05.1690 ou, plus exactement, "le dimanche dans loctave de la feste Dieu", c’est Jean EUZET qui est nommé par les confrères prévôt "a la pluralite des voix", cependant que Marcelin PLAGNIOL laisse la charge, avec la précision du prieur qu’il "na rendu aucun compte pour navoir rien perceu au contraire il a fourny avec moy pour lentretien dicelle tout ce quy a esté necessaire". C’est, d’ailleurs, le prieur, Jean Louis PAILHASSY qui assure la fonction après lui, à partir du 17.06.1691. Toujours selon la formule rituelle, il est écrit que Jean EUZET n’a rendu aucun compte, qu’il n’a rien perçu, que la confrérie n’a aucun revenu, qu’il a fourni l’huile de la lampe et que le prieur a, lui, fourni les chandelles. En marge, il est indiqué 1691 et 1692, ce qui signifie que le prieur a gardé la fonction de prévôt un an de plus. C’est ensuite confirmé quand, le 24.05.1693, il est indiqué que Jean PLAIGNIOL prend la succession, cependant que le prieur précise qu’il n’a "rendu aucun compte de deux années", toujours pour les mêmes raisons et qu’il a "fourny les chandelles a lautel et lhuile a la lampe d’encens"
Le 13.06.1694, Jean EUZET est nommé prévôt puis, c’est le prieur qui le remplace, le 05.06.1695, toujours avec les mêmes formules sur les comptes, l’absence de revenus et la fourniture de l’huile pour la lampe. Par contre, rien n’est indiqué pour les années suivantes, jusqu’au 21.06.1699.
En effet, le 21.06.1699, Jean EUZET est nommé prévôt "dans l’octave du Saint Sacrement" ; il succède à Jean PLAIGNOL mais il n’est pas indiqué quand celui-ci a pris ces fonctions ; pour la première fois, il y a aussi une autre désignation : "et pour avoir soin de la propreté de l’autel damoiselle Antoinete du triadou" [Note : ce "du Triadou" ne fait certainement pas référence aux TRIADOU dont le village tire le nom mais bien plutôt au seigneur du Triadou, c’est-à-dire AUZEMAR ; on en a la preuve plus tard, par exemple en 1708 quand la préposée à l’autel est Jeannete d’AUZEMAR "du Triadou" ; on retrouve aussi les prénoms de cette famille, par exemple en 1702 ou en 1722, quand c’est Georgette du Triadou qui est chargée de tenir l’autel propre]. Quant à Jean PLAIGNOL, "cy devant prevost", il est écrit qu’il "n’a rendu aucun conte au contraire il a fourni l’huile de la lampe" (PH 60, aux AD 34).
Septième approche du sujet. Le Triadou étant proche de Montpellier, certaines affaires ont été traitées devant des notaires de Montpellier. On a déjà vu le contrat de 1697 reçu par le notaire MARGOUËT mais ce sont surtout plusieurs actes que l’on trouve chez le notaire Etienne GIMEL et qui concernent le prieuré de Saint Sébastien de Cassagnas, mettant aux prises ses prieurs et les EUZET du Triadou, dans la seconde partie du XVIIe siècle.
Ces achats et réparations sont réalisés pour la chapelle Notre Dame qui est dans l’église du Triadou et dont le prieur, Jean Louis PALHASSY est chapelain, la chapelle ayant été fondée par un de ses prédécesseurs, Bringuier MARRE, par son testament du 28.07.1471 et un codicille du 10.10.1482 (comme c’est expliqué dans l’article "Un prieuré qui a longtemps joué un rôle central dans une histoire millénaire"). Le parlement de Toulouse ayant donné raison au prieur contre Marguerite GELY, veuve de Jacques EUZET, celle-ci fut condamnée à payer 130 livres au titre du revenu de la fondation de cette chapelle et des arrérages depuis 29 ans jusqu’à l’introduction de l’audience (06.03.1683) ainsi que des intérêts qui ont ensuite couru. Suite à la visite paroissiale du 07.05.1691, l’évêque de Montpellier a alors ordonné que ces 130 livres "seroient employées à la decoration et a l’embéllissement dudit autél de leglise dutriadou auquel seroit fait un tableau neuf avéc une bordure et retable et reparations necessaires, en execution de laquelle lesdites reparations ont esté faittes". Ces minutes notariales d’Etienne GIMEL représentent donc l’étape finale de cette affaire, à la suite de la procédure en question (mais, il y aura un rebondissement de ce litige, au XVIIIe siècle). La photo qui suit est la quittance globale des 130 livres payées par Jean EUZET, fils de Marguerite GELY mais la première quittance du 16.06.1692 n’a pas été retrouvée. (archives de la famille EUZET du Triadou, aux AD 34)
Quant au procès sur la maison et les terres de la confrérie, on renvoie à ce qui est indiqué dans l’article "Un prieuré qui a longtemps joué un rôle central dans une histoire millénaire", en rappelant seulement que c’est le même notaire Etienne GIMEL qui a enregistré le compromis passé entre le prieur Jean Louis PALHASSY (d’une part), Marguerite GELY, veuve de Jacques EUZET, et son fils Jean EUZET (d’autre part), le 22.06.1689.
Enfin, on ne saurait terminer cet article sur le XVIIe siècle sans signaler aussi que le procès sur les censives du Triadou entre le chapitre cathédral de Montpellier et les EUZET du Triadou a commencé dès 1666 mais qu’il faudra attendre 1723 pour arriver à une conclusion avec une sentence du sénéchal de Montpellier. Ce long processus sera évoqué dans l’article suivant : "Les habitants du Triadou au 18ème siècle (jusqu’en 1788)"
Cet article fait partie d’une série de cinq sur l’histoire du Triadou :