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mercredi 11 avril 2012, par
Vacquières. Le village retrouve son café, un lieu porteur d’histoires et d’anecdotes croustillantes, témoin de dizaines d’années de vie locale.
Au village, sans prétention, le bar est bien souvent le lieu principal de rencontres, l’antichambre du conseil municipal, le bureau des associations. Y donner rendez-vous est presque un réflexe. Dans bien des cas, la fermeture provisoire ou définitive d’un tel lieu public revient à une véritable perte des repères pour ses clients qui deviennent alors des SBF, comme le signale avec humour Jean-Marie Gourio (l’auteur des Brèves de comptoir), c’est-à-dire des Sans Bar Fixe. C’est un peu ce qui vient de se passer à Vacquieres, près de Claret, avec la fermeture provisoire du café du village, qui a connu de véritables heures de gloire, avec des personnages forts en gueule et hauts en couleur qui s’y pressaient à l’heure de l’apéro. Tout cela n’est pas perdu, mais à l’heure de la réouverture, force est de constater que les styles ont évolué. Et pas qu’un peu...
La nouvelle patronne du bistrot est... une charmante jeune fille, Charline Roussel. Née en 1986, à Vannes, elle commence sa carrière comme opticienne. Mais un licenciement économique la laisse soudain sans emploi. Pourquoi alors se lancer dans cette profession, un pari si difficile ? : « Mes grands parents tenaient un bar . restaurant à Vannes, mes parents en exploitaient un à Saint Ave (près de Vannes) et ma soeur, prépare des spécialités bretonnes dans son restaurant en Andalousie ». Charline Roussel ne part donc pas à l’aventure, car sa maman, récemment à la retraite, a repris du service et va lui faire la cuisine.
Nécessité d’innover
L’ouverture aura lieu le 1er février. Elle sera suivie d’une inauguration quelques jours plus tard.
Ce qui est intéressant dans l’approche que font Charline et sa ma
man de leur futur métier, c’est
qu’elles soulignent la nécessité
qu’il y a à innover, à se diversifier.
Parce que le contexte est difficile.
Six français sur dix n’ont pas l’habitude d’aller au café, selon une
étude TNS Sofres réalisée pour
France Boissons, distributeur de .
boissons aux cafés, hôtels et restaurants, et la fréquentation pour
rait encore baisser, crise oblige,
16 pour cent des Français envisa
geant d’y aller moins. « Ce sont les
pratiques dites accessoires de
consommation qui ont baissé », explique Sandra Duboy, analyste
chez France Boissons, c’est-à-dire
« le passage au café dans la matinée, dans l’après-midi ou entre
deux rendez-vous » . « On ne va
pas dans les cafés parce qu’on a besoin de boire, on vient y trouver Charline Roussel, nouvelle patronne du bistrot.
autre chose : manger, y vivre une
expérience de plaisir, de convivialité ». Aux cafetiers de « développer des animations » permettant d’attirer de nouveau ceux qui vont moins au café, et surtout ceux qui n’y viennent pas comme les familles, les seniors.
Des animations diverses
Et c’est bien ce qui se concocte ici : cuisine familiale annoncée, viandes en sauce, gâteaux maison, cocktails avec ou sans alcool, rhumerie, bières variées et même sandwicherie à emporter. On trouvera du bon tabac, et il y aura une happy hour (deux boissons pour le prix d’une) et des soirées à thème. Sans oublier un espace pour les jeux de bar (belote, backgam-mon, tarots, etc.). Plus tard, ce seront des apéritifs dînatoires qui seront proposés, et plus si affinités : « On va rester à l’écoute de la clientèle, et si on nous propose ou si on nous demande tel ou tel type de service, pourquoi pas ? ». Le nouvel établissement va se nommer « Les Baronnes ». Il répond à une forte demande locale, à des attentes précises : les anciens habitués, les touristes, nombreux bien sûr mais aussi les cyclistes, qui, le week-end, parcourent les petites routes par véritables bataillons et qui s’arrêtent volontiers prendre un café le matin.
Des lieux de vie
Cafés et restaurants de village des lieux de vie dans lesquels les individus se rencontrent, se racontent. Le récit public de vie, cher aux sociologues, fait partie du quotidien de ce commerce, comme, en partie, mais sur des durées plus courtes, l’épicerie ou la boulangerie... Les habitués d’un café rural ou urbain, les réguliers, ceux qui viennent quotidiennement pour retrouver « les copains » autour du zinc, ceux à qui l’on sert une boisson sans même passer commande, ceux-là ont instantanément le sentiment d’être là, à leur place, chez eux. Ces lieux de convivialité d’autrefois, les petits bistrots, se font de plus en plus rares de nos jours. En 1960, la France comptait 200 000 cafés, il en subsiste aujourd’hui moins de 37 000. D’après la légende, le mot « bistrot » nous vient des russes cosaques qui ont occupé Paris en 1814 après la chute de l’Empereur, quand ils venaient dans les estaminets boire du café ou plus souvent de la vodka, ils étaient pressés et utilisait le mot « Bystro » qui veut dire "vite" en russe... Mais qui sera, ce mercredi, le premier client à franchir la portes des « Baronnes » ? Qui dégustera le premier la cuisine familiale élaborée par la maman de Charline ? Faites « Bystro »...
THIERRY ARCAIX
Contacts : les.baronnes.vacquieres arobase gmail.com. Tel. 0467028133.
Source : Article du 29 janvier 2012 dans l’Hérault du Jour