Accueil > Partout > Les garrigues : un territoire en mutation - 5 - péri-urbanisation : de (...)
dimanche 19 mars 2006, par
L’espace des garrigues connaît actuellement de rapides changements. La dynamique de péri-urbanisation en cours sur ce territoire soulève des problématiques nouvelles pour les gestionnaires de ces espaces. En voici quelques exemples.
Au niveau du budget des communes, l’arrivée de nouvelles populations résidentes augmente nettement les recettes par le biais des impôts locaux (Taxe d’habitation et Taxe sur foncier bâti essentiellement). Mais parallèlement, les charges de fonctionnements sont plus importantes. La commune doit en effet répondre à certains besoins comme la mise en place d’un réseau d’assainissement, des travaux de voirie, la collecte des déchets, l’alimentation en eau potable... Il serait intéressant de comparer, pour la construction de x nouvelles habitations, le total des recettes fiscales avec le coût réel de dépenses à la charge de la commune.
La gestion de l’eau sur ces espaces périurbains apparaît de plus en plus comme un enjeu déterminant, et d’autant plus dans les garrigues méditerranéennes où la sécheresse estivale est longue et où le karst rend l’eau souterraine difficilement accessible. Les possibilités d’alimentation en eau potable limitent le nombre d’habitants que peut accueillir la commune.
L’étalement et le mitage du bâti constituent une des caractéristiques de l’espace périurbain. Lorsque le phénomène devient important, il a un impact négatif sur la fonctionnalité des écosystèmes. En effet, sur la zone d’étude, les garrigues forment un vaste espace d’un seul tenant composé de milieux interdépendants. La fragmentation de cet espace par l’urbanisation peut en théorie bloquer les flux et relations entre les différents habitats. A cela, s’ajoute une destruction quasi-irréversible du milieu « naturel ».
L’expansion des zones bâties s’accompagne d’une augmentation des surfaces goudronnées, bétonnées... Le sol devient en grande partie imperméable. Ce phénomène accentue les risques d’inondations. Et, si en plus, comme cela se voit souvent, les constructions se font sur des zones d’expansion de crues, le risque devient d’autant plus important.
L’avancée du couvert forestier combinée à un développement de l’habitat augmente les risques d’incendie. En effet, plus il y a de contacts entre une zone habitée et une végétation à risque, plus la probabilité de départ de feux est augmentée. Le phénomène est bien connu en région Provence Alpes Côte d’Azur où les surfaces d’habitations construites sous des pinèdes sont très importantes. Les incendies peuvent alors avoir des conséquences très lourdes, de nombreuses vies humaines étant en jeu.
L’augmentation du nombre de véhicules effectuant des trajets pendulaires entre la maison et le travail entraîne rapidement une surcharge du réseau routier. La gestion des flux dans les espaces périurbains est délicate. En effet, un trafic élevé engendre des désagréments et des risques pour la sécurité des automobilistes. Mais, l’amélioration de ce réseau routier visant à fluidifier la circulation favorisera en retour l’arrivée de nouvelles populations sur les villages desservis. Le nombre de véhicules utilisant quotidiennement cet axe sera alors encore augmenté. Le problème de la surcharge routière n’est alors résolu qu’à court terme.
L’appropriation rapide de vastes surfaces vouées à l’urbanisation peut parfois entraîner un climat de tensions avec les utilisateurs de la zone. Pour le gestionnaire, le partage de l’espace entre les différentes fonctions (résidentielle, artisanale, agricole, récréation et protection du milieu) devient vite une priorité. A l’échelle communale, le PLU (Plan Local d’Urbanisme) est un outil réglementaire qui organise les différents usages possibles de l’espace mais peut être également à l’origine de tensions voire de conflits.
Pour clôturer cette liste non exhaustive des problématiques nouvelles induites par la dynamique de périurbanisation, précisons que ce phénomène ne connaît pas les limites administratives des communes. Pour le gestionnaire d’espaces périurbains, le travail en commun et la coopération intercommunale deviennent rapidement une nécessité
Cet article est tiré du mémoire :
Ibanez, M., 2005. « Les territoires proches d’une aire urbaine : complexité de la gouvernance territoriale. Etude exploratoire appliquée à l’espace des garrigues du nord de Montpellier. ». Mémoire de Master ADE, Institut de Géoarchitecture, 104 p.
Présentation du mémoire : « quel avenir pour les garrigues du Pic Saint-Loup ? »
Voir aussi :
Significations du mot « garrigue »
Les garrigues : un paysage façonné par des facteurs naturels
Les garrigues : un paysage façonné par une longue occupation humaine
Les garrigues : un territoire en mutation. 1 - une forte croissance démographique
Les garrigues : un territoire en mutation. 2 - une population active qui ne travaille pas sur place
Les garrigues : un territoire en mutation. 3 - de grands bouleversements dans le secteur agricole
Les garrigues : un territoire en mutation. 4 - une dynamique de péri-urbanisation