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jeudi 15 mai 2003, par
Si une culture a fortement marqué l’agriculture aux Matelles pendant la période 1750-1950, c’est bien celle de la vigne. Ce ne fut cependant pas sans crises, ni fluctuations
Il est sûr que du vin du canton était vendu à Paris pendant la Révolution : lors d’une réquisition de charrettes pour l’armée, l’une d’entre elles ne put être rapidement disponible car elle était sur la route de Paris, transportant du vin ; son propriétaire était de Prades-le-Lez. Sur les Matelles, la vigne occupait alors une cinquantaine d’hectares.
Mais c’est surtout autour de 1850 (100 hectares de vignes en 1840, 400 en 1870) que se situe le décollage de la viticulture. Un premier bref coup d’arrêt fut donné par l’épidémie d’oïdium : pendant quatre ans, de 1851 à 1855, les rendements chutèrent ; l’oïdium disparut aussi vite qu’il était apparu grâce au traitement au soufre mis au point par Henri Marrès en 1855. Les progrès de la consommation joints à la révolution ferroviaire furent responsables de la prospérité qui suivit cette épidémie.
La seconde crise, autrement plus traumatisante, fut celle du Phylloxera. Alors que la maladie était décelée en 1863 dans le Gard, son responsable, un insecte, ne fut identifié que cinq ans plus tard. Dans le canton, le premier point d’attaque semble avoir été Coulondres (Saint-Gély) dès 1869. En 1873, la récolte matelloise fut inférieure à celle de 1872 mais la gelée printanière et la sécheresse estivale furent alors mises en cause. La propagation fulgurante du Phylloxera se situe pour les Matelles entre 1874 et 1878, date à laquelle toute la vigne avait été arrachée.
Jusqu’en 1884, quelques hectares (moins de 10) furent replantés mais réinfestés tout aussitôt. Les premiers plants américains, résistants au Phylloxera, furent introduits aux Matelles en 1884. Mais les premiers cépages porte-greffe ("Riparia") réussissaient mal sur les sols calcaires ou argileux du Nord de Montpellier alors qu’ils excellaient dans le Bas Montpelliérain et le Biterrois. C’est en 1890 que fut mise au point la variété "Rupestris" qui s’implanta définitivement aux Matelles. Cette quinzaine d’années laissa bien sûr le souvenir d’une période noire et un endettement important des viticulteurs.
En 1907, une grave crise de surproduction et de mévente fut attribuée par les viticulteurs au grand négoce, aux fraudeurs (sucrage, mouillage) et au gouvernement. Cette immense révolte des vignerons du midi fut initiée à Argeliers (Aude) et son tribun fut Marcellin Albert. Le point culminant de cette révolte fut le 9 juin où la troisième République connut sa plus vaste manifestation, plus d’un demi-million de manifestants à Montpellier. Les viticulteurs matellois y étaient. C’est au cours de cette crise qu’eut lieu la fameuse mutinerie du 17e régiment de ligne et que fut créée la Confédération Générale des Vignerons du Midi.
Enfin, en 1933, on attribua une crise de mévente à la concurrence des vins algériens soumis à des taxes et des charges sociales moindres. Plus de 100 conseils municipaux démissionnèrent à cette occasion dont celui des Matelles.
Cette article est un chapître d’une série d’articles sur l’agriculture aux Matelles. En voici le sommaire complet :