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dimanche 14 août 2005, par
Une exploitation minière médiévale des XII-XIVe siècle, près de Montpellier
Ces derniers sont nombreux et régulièrement distribués par rapport aux bâtiments de l’exploitation avec lesquels ils sont incontestablement associés. La vision d’ensemble montre que trois exploitations complètes regroupant une carrière/mine avec un socle d’engin de levage et un cône de déblais, peuvent être individualisées, l’une au nord, la seconde au sud et la dernière au sud-est. Quelques autres traces, moins facilement interprétables, comme des murs de soutènement, des débuts de carrières, etc., sont elles aussi à rattacher à l’activité minière.
Elle est représentée par un trou vertical en carrière de 10 m x 15 m de côtés et d’une dizaine de mètres de profondeur. Cette excavation dans une roche aussi dure que le calcaire local ne peut guère s’expliquer que par l’exploitation de filons de minerai de fer piégés dans des diaclases, filons que nous n’avons pu retrouver en raison du comblement partiel de la carrière. Un couloir entaillé du côté de la pente fait communiquer le fond de la mine avec l’extérieur ; il est bordé de murs maçonnés aussi bien agencés que ceux des autres constructions.
Un vaste socle bâti et joint au mortier est installé sur le côté de l’entrée de la carrière [1] ; il utilise des blocs volumineux et s’appuie en partie sur une masse rocheuse laissée en relief. Sa confection soignée et massive, ainsi que sa position par rapport à la mine et aux déblais, permettent sans difficulté d’y reconnaître un piédestal pour l’installation (et peut-être même la mobilité) d’un engin de levage de dimension importante.
Le cône de déblais qui est lié à cet ensemble est fort volumineux, il montre en fait deux cônes superposés qui sont constitués de matériau de granulométrie différente. Le cône supérieur comprend uniquement de très gros blocs calcaires extraits directement de la carrière dans le but d’accéder au filon intéressant. Le second cône est surmonté d’un passage plan à la bordure du précédent ; il est uniquement formé de cailloutis et d’argile jaune comme s’il résultait d’un tri (voir du concassage) d’un autre type de matériau, celui qui remplissait les diaclases et faisait l’objet d’un traitement spécial pour la sélection des nodules ou plaques de minerai.
Elle ressemble étroitement à la première avec une carrière de mêmes dimensions, un socle pour l’installation du matériel de levage placé à sa bordure, et un cône de déblais volumineux placé à l’opposé. La seule différence tient à la confection particulière du socle qui est extrêmement massif [2] et construit avec des parois en gradins montées à l’aide de blocs de grand appareil relativement réguliers (fig. 4). Les assises successives sont liées au mortier de chaux. Sur le bord sud du socle on reconnaît la base d’une très puissante paroi de 1,50 m de largeur que nous expliquons difficilement et que l’on n’ose pas interpréter comme une base de rempart étant donné qu’il n’existe aucune trace d’architecture de cette nature sur le pourtour du site ; peut-être cette structure pourrait-elle représenter une forme de rambarde ?
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Cette unité d’exploitation est plus complexe à interpréter que les précédentes : on y reconnaît une carrière en couloir avec un front rocheux surtout présent du côté du massif, où il a une dizaine de mètres de hauteur. A l’extrémité sud de la dépression, au plus bas de l’exploitation, s’ouvrent deux cavités qui s’enfoncent dans le massif et que nous supposons naturelles, mais ces dernières n’auraient-elles pas servi en fait pour l’extraction du minerai en diaclases ? Cette
carrière est immédiatement bordée du côté de la pente d’un cône de déblais aussi important que les deux autres. Ici le socle nécessaire au déplacement des déchets de l’extraction ne s’interpose pas entre la carrière et les déblais mais se retrouve à l’arrière de la carrière, sur un replat rocheux conforté d’un mur de soutènement soigneusement construit, lié à la chaux, et lui aussi établi en gradins étroits.
Au milieu des unités d’exploitation bien typées et des bâtiments se trouvent encore quelques dépressions et constructions dispersées ; elles se rattachent vraisemblablement à des aménagements du sol pour la circulation et à une étape d’exploitation correspondant aux premières recherches du minerai, avant ouverture des chantiers rentables. Ainsi s’observe tout au nord une petite carrière accompagnée d’un mur de soutènement ; un cône de déblais (cône 4) se trouve isolé sur un espace réservé au beau milieu de la zone des constructions, comme si ce dernier, existant déjà, avait conditionné la distribution de certains des bâtiments ; entre les carrières sud et sud-est, les escarpements rocheux ont été réaménagés avec la construction d’un mur de soutènement pour l’installation possible d’un passage facilitant l’accès de la zone d’activité aux pièces d’habitation (?).
Avec l’aimable autorisation de Pierre-Yves Genty. Dactylographie : Sylvie Rouquette.
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[1] Il mesure 3,40 m de largeur pour 7,50 m de longueur.
[2] A son sommet la structure mesure 4 m de largeur ; la longueur n’en est pas mesurable en raison de la dégradation de l’extrémité ouest.